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Un film de Flóra Anna Buda
Titre original : idem
Année de sortie : 2023
Origine(s) : Hongrie, France
Visible gratuitement sur Arte.tv à partir du 10 juin 2023

 

Où la pulsion de vie résiste.

 

 

Quelques mots sur le film et sur sa réalisatrice

La récente Palme d’or du court métrage reçue par Flóra Anna Buda vient consolider la renommée d’une jeune et très talentueuse réalisatrice, remarquée dès son film de fin d’études, Entropia, en 2018. Cette dernière rejoint ainsi le petit cercle de ses illustres prédécesseurs adeptes de l’image-par-image et récompensés à Cannes*.

27 entremêle les fantasmes sexuels aux accents pornographiques d’une femme de 27 ans et son quotidien cafardeux dont les voies de sortie semblent désespéramment bouchées.
Bien que son récit soit ancré dans la Hongrie contemporaine, celle de la Budapest nocturne boostée à la techno festive et relativement épargnée par l’ultra-conservatisme gouvernemental, il confine à l’universel en parvenant à synthétiser les causes et les conséquences du désenchantement de tout une jeunesse occidentale adulescente (rétive à s’extraire de l’adolescence), tiraillée entre immaturité dépressive, sursollicitation des sens, indifférence sinon dédain des générations qui la serrent en étau, fatalité du conformisme aux normes sociales et absence de perspectives d’avenir.
En dix minutes, ce  film de dessins animés sensuels et insolents donne à ressentir tout cela et le fait de manière non-démonstrative, c’est-à-dire sans mouvements tape-à-l’œil et effets de pseudo-poétisation « cache-misère » (suivez mon regard). Si la réalisatrice ne fait pas l’économie de quelques gimmicks narratifs souvent utilisées dans l’animation indépendante, comme les représentations stylisées à la limite de l’abstraction du sexe féminin ou du désordre psychologique, elle cède à cette relative facilité à petite dose et peut-être pour rendre plus tolérables ces tabous aux yeux des spectateurs prudes qui croient encore que le cinéma animation est inoffensif et dépolitisé par nature.

 

 

 

 

 

 

* Quelques films d’animation incontournables, récompensés à Cannes :

Blinkity Blank de Norman McLaren (1955, Canada)
> Palme du court métrage
L’île de Fiodor Khitruk, Eduard Nazarov et Vladimir Zouïkov (1974, URSS)
> Palme du court métrage
Lautrec de Geoff Dunbar (1975, Royaume Uni)
> Palme du court métrage
La traversée de l’Atlantique à la rame de jean-François Laguionie (1978, France)
> Palme du court métrage
When the day breaks de Wendy Tilby et Amanda Forbis (1999, Canada)
> Palme du court métrage
Chienne d’histoire de Serge Avédikian (2010, France)
> Palme du court métrage

La planète sauvage de René Laloux (1973, France)
> Sélection officielle longs métrages et prix spécial du jury
Persépolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud (2007, France)
> Sélection officielle longs métrages et prix spécial du jury

 

 

 

anima