Comme la plupart des événementiels internationaux, les festival et marché du film d’animation d’Annecy ont basculé sur une formule hybride qui pourrait bien changer définitivement la nature même de ce type de concentration, ponctuelle et récurrente, d’œuvres et de publics dans un même lieu et un temps donnés.
Se retrouver, échanger, réseauter, partager des expériences collectives, voilà pour la façade. Mais générer des retombées économiques et une image de marque en faveur d’un territoire et d’entreprises partenaires, demeure la raison première qui préside à l’organisation de toute foire, congrès et autre événement plus ou moins festif. Aussi, si le renoncement total au volet présentiel d’un festival de films au profit d’une dématérialisation généralisée des contenus présentés reste inenvisageable pour l’instant, les nombreuses plus-values conférées par l’audience accrue des éditions on line de manifestations internationales comme Annecy, poussent ces dernières à de sérieuses remises en question.
Démocratiser très largement les cultures, les savoirs et les innovations réunis (le coût de la couverture d’une semaine de festival reste un luxe pour une écrasante majorité d’individus).
Élargir les publics au-delà de l’entre-soi des cinéphiles animavores et « professionnels de la profession ».
Réduire l’impact environnemental d’un raout international (consommation d’énergies diverses, déplacements, impressions en tous genre, kilomètres de moquette à usage unique et limité, montagne de déchets, etc.).
Devenir diffuseur de contenus utiles à la promotion d’un art quasi-universel et à l’évolution efficiente d’une industrie culturelle, pluridisciplinaire et transversale au possible.
Permettre aux publics les plus intéressés de visionner potentiellement l’intégralité des contenus présentés, chose humainement impossible à réaliser en 5 jours sur place, même en se dédoublant.
Ni plus, ni moins.
C’est ainsi que, de gré ou de force, Annecy a fortement densifié son offre de contenus en ligne, en prolongeant leur diffusion bien au-delà de la semaine de tenue des festivals et marché, en l’occurrence cette année, du 14 au 19 juin. Et c’est ainsi que, pour ce qui me concerne, après avoir visionné l’intégralité des compétitions de courts métrages et films de commande présentés en juin (soit plus d’une centaine de films), la prolongation de la mise à disposition des contenus proposés dans le cadre du Marché International du Films d’Animation (conférences, key notes, master classes, works in progress et autres conférences de promotion corporatiste) m’a permis quelques belles découvertes et « mises à jour » sur des sujets fondamentaux de l’évolution vertigineuse de la création animée contemporaine.
• L’expérience de réalité virtuelle « Ascender » (Backlight) : lundi 14/06
> De plus en plus de projets immersifs intègrent la dimension contemplative aux expériences narrativo-ludo-interactives. Un nouveau rapport à l’expérience virtuel émerge.
• Work in progress de Mars Express, long métrage de Jérémy Perrin : mardi 15/06
> Après Last Man, beaucoup d’espoirs sont placés dans ce long métrage de science fiction désireux de dépoussiérer un tant soit peu le genre.
Il m’est juste regrettable que cette rencontre soit restée sur le mode geek relativement régressif.
• « Les festivals d’animation en mutation » : mardi 15/06
> Cf. ci-dessus.
• Des collaborations en plein essor entre le jeu vidéo et l’animation : mardi 15/06
> Si la fusion inéluctable de ces deux secteurs professionnels n’est toujours pas à l’ordre du jour, on peut toujours se contenter de ses prémices.
• Doubles numériques et « virtual beings » : la technologie au cœur de l’acting : mercredi 16/06
> Redonner vie à des acteurs décédés, rajeunir des acteurs vieillissants, créer des méta-humains, avec en perspective l’imminente extension des metaverses, pour le meilleur et pour le pire.
• L’image animée face au défi écologique : approches éditoriales et bonnes pratiques de production : jeudi 17/06
> Les initiatives de Tant Mieux production, autour de la série (13 x 52′) « Tobie Lolness », feront l’objet d’un article ultérieure ici même.
• Work in progress de Perlimps d’Ale Abreu : jeudi 17/06
> Après l’excellent et courageux Le garçon et le monde, le deuxième long métrage du talentueux réalisateur brésilien s’annonce encore meilleur.
• Être submergé par l’écran : l’émotion, la créativité et les technologies VR, « Evolver » : jeudi 17/06
> Le futur proche de l’expérience cinématographique, avant-goût du monde d’après la pandémie, pourrait favoriser la reconnexion de l’humain à la Nature.
• Work in progress de Les paysans de Dorotha Kobiala : vendredi 18/06
> L’adaptation du roman de Wladyslaw Reymont peaufine l’art des peintures rotoscopés de BreakThru Films.
• Animer pour communiquer – Approches pour une meilleure animation, démo de Takeshi Inamura : vendredi 18/06
> Qu’est-ce qu’une pose convaincante ? Comment une pose peut-elle exprimer un mouvement ? Comment exprimer l’attitude d’un personnage dans un dessin ?
Parmi les conseils précieux transmis lors de cette remarquable démonstration de bon sens : « Le meilleur moyen de savoir si son dessin transmets bien les informations voulues est de demander. »
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