Archipel

 

Un film de Félix Dufour-Laperrière
Titre original : idem
Année de sortie : 2021
Origine(s) : Canada, France

 

Ou la métaphysique d’un territoire.

 


Le deuxième et – disons-le tout de suite magistral – long métrage réalisé par Félix Dufour-Laperrière est certes une œuvre expérimentale, au sens où elle travaille la matière même du cinéma (formats, médiums, techniques, supports, lumières, sons, rythmes), mais il est peut-être aussi la métaphore la plus aboutie d’un cinéma d’animation enfin adulte, totalement hybridé, poétiquement engagé, résolument libre.
Voulu comme un “film d’atelier”, où l’improvisation, la recherche et la perte de contrôle participent pleinement du processus créatif, Archipel déploie un récit labyrinthique, constitué de séquences d’aspect et de tonalité très contrastées, et reliées entre elles par le dialogue quasi-onirique d’une femme et d’un homme qui déambulent à travers un territoire aussi réel que fantasmatique.
Mon rêve ressemble à une paix qui se bat pour sa tranquillité*” pourrait être le leitmotiv à tiroirs de cette œuvre d’art, alternant sans cesse entre figuration et abstraction, entre poésie pure et quête existentielle.

Archipel est en lice dans la compétition “Contrechamp” du Festival d’Annecy 2021.
Ne sont définies pour l’instant ni date de sortie française, ni distributeur. Assurément, cela ne durera pas !

 

Quelques images extraites du film

L’une des plus belles séquences du film, parce qu’elle touche vraisemblablement à l’intimité du cinéaste, dit l’extraordinaire pouvoir des dessins animés à sublimer le réel.

 

* Extrait de “Bâton à message / Tchissinuatshitakana” de la poétesse innue (peuple autochtone du Québec – Labrador), Joséphine Bacon.
La citation complète, lue par l’autrice dans sa langue natale, l’innu-aimun, et mentionnée en français en conclusion du film, est :

Toi, l’être connu, inconnu, es-tu de mon monde ?

As-tu vu le frimas d’une saison, d’une terre habitée ?

Pourquoi ne sais-tu pas dire : “Où serais-je sans toi ?”

Ma peine m’est venue d’une parole, un soir d’orage, alors que le tonnerre réclamait une tendresse silencieuse
Son sourd que seule la pluie écouta

Nous sommes rares
Nous sommes riches

Comme la terre, nous rêvons

Mon rêve ressemble à une paix qui se bat pour sa tranquillité

Quand une parole est offerte, elle ne meure jamais

Ceux qui viendront l’entendront

 

 

anima