C’était quand la dernière fois que vous avez ri aux éclats devant un court métrage d’animation ?
Sans doute, réalisez-vous en tentant de répondre à cette simple question à quel point la comédie et le burlesque ont déserté le registre cinématographique de la création animée d’auteurs, dont le format court est le territoire d’expression privilégié par défaut.
Boboïsés, égotiques, pétris de soucis existentiels, les courts métrages d’animation contemporains dans leur écrasante majorité s’enfoncent inexorablement dans la caricature à mesure qu’ils élargissent leur public et gagnent de l’espace médiatique. Si, si, regardez bien.
Le dernier film de Nikita Diakur est un vivifiant oasis au milieu de ce champ de désolation. Certes, il est hilarant, comme les précédents (Ugly, Fest, …) mais cela ne l’empêche pas d’être aussi visuellement et technologiquement innovant, de poursuivre une critique subtile, voire un jeu de massacre, de l’imagerie numérique à visée photoréaliste et de ses exploitations massives à venir, le metaverse en tête.
Ici, l’artiste – dans la droite lignée d’un Pierrick Sorin mal réveillé – a modélisé son corps et sa voix, et réussit à apprendre le salto arrière à son avatar après plusieurs milliers de tentatives périlleuses. La morale bien pensante qui clôt la démonstration nous donne le coup de grâce. Et on en redemande.
C’était quand la dernière fois que vous avez ressenti une jubilation similaire devant un court métrage d’animation ?
NB : Backflip est annoncé pour 2022 et sera distribué en France par Miyu.