Disney ou l’amnésie environnementale générationnelle organisée ?

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« Historical evidence for nature disconnection in a 70-year time series of Disney animated films » (Preuves historiques de la déconnexion progressive avec la nature constatée dans les longs métrages produits par Disney depuis 70 ans) est une étude internationale fort instructive, publiée en février dernier par trois chercheurs, Anne-Caroline Prévot et Romain Julliard (Muséum national d’Histoire Naturelle) et Susan Clayton (département Psychologie de l’Université de Wooster, Ohio, USA).
En voici le résumé traduit :
« La déconnexion continue supposée entre l’homme et la nature dans les sociétés occidentales constitue un enjeu crucial dans la conservation de la biodiversité.
Nous démontrons ici l’une des manifestations de cette déconnexion, par un examen de la représentation des milieux naturels dans une série chronologique de films d’animation produits par les studios Disney depuis 1937. Nous avons constaté que les milieux naturels sont de moins en moins figurés en tant que représentation des environnements extérieurs dans ces films.
De plus, les interprétations graphiques de ces milieux naturels ont tendance à montrer une nature dominée par l’homme et une vision de plus en plus simpliste de la biodiversité. Les résultats de nos recherches démontrent que la déconnexion croissante de ces productions cinématographiques avec la nature est le corollaire de la relation des populations occidentales avec leur environnement naturel. En outre, parce que l’expérience de la nature des enfants est en partie basée sur ce type de films, la représentation appauvrie de la biodiversité dans les environnements extérieurs peut amplifier la déconnexion actuelle des enfants vis-à-vis de la nature. Cette réduction de l’exposition aux réalités à la nature peut entraver la mise en œuvre des mesures de conservation de la biodiversité. »

Autrement dit, il est ici souligné, qu’en dépit des intentions louables de la firme multinationale d’afficher au regard de ses consommateurs et actionnaires une image bienveillante, lissée à l’extrême, son rôle déterminant dans la fabrication d’une «amnésie environnementale générationnelle» devient plus que problématique.
Symbole du greenwashing (et plus globalement du brainwashing) disneyien, les désastreuses conséquences écologiques du long métrage Finding Nemo (Le monde de Nemo, 2003), présenté comme un hommage respectueux à la biodiversité des massifs coralliens en danger, auront provoqué la plus grande exportation massive et sauvage de poissons-clowns (espèce menacée par les dérèglements climatiques) vers les pays occidentaux. Une forme de vie rare ramenée ainsi à l’état de vulgaire produit dérivé, l’éco-tartufferie n’aura pas ému plus que ça les adeptes inconditionnels du cinéma numérique pixarisé. Lesquels se précipiteront certainement, tel un troupeau de mouton hypnotisé par la sortie du nouvel I-Phone, sur le prolongement des aventures de Némo (Finding Dory) – actuellement en production.
Les poissons-chirurgiens bleus ont du souci à se faire.

 

> Téléchargez le rapport

 

Addendum (mai 2020) : l’enseignant-chercheur Christian Chelebourg relativise « l’amnésie environnementale organisée » par la firme Disney dans son ouvrage « Disney ou l’avenir en couleur » (in « Une écologie de l’espoir », p. 239-264). Son argumentation est étayée par de nombreux exemples précis.

 

 

 

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