Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary

 

Un film de Rémi Chayé
Titre original : idem
Année de sortie : 2020
Origine(s) : France, Danemark

 

Où bon ben voilà quoi pfff voilà.

 

 

Réaction à chaud

Il m’est vraiment pénible d’émettre un avis négatif sur le second long métrage de l’un des cinéastes d’animation français les plus attachants et talentueux.
Depuis son premier et très référencé court métrage (Eaux fortes en 2006) jusqu’à l’ambitieux et rafraîchissant Tout en haut du monde, en passant par ses contributions essentielles à la mise en scène « géo-maîtrisée »de longs métrages (Brendan, L’île de Blakmor, La Tableau) qu’il a contribué à fortement valoriser, le parcours de Rémi Chayé a été exemplaire. Et si l’on ajoute le développement d’une technique d’animation 2D singulière, issue de l’excellent et désormais enterré logiciel vectoriel Flash (devenu « Animate »), permettant de diminuer drastiquement les durées et coûts de fabrication de la minute d’animation (vectorisation intuitive, bibliothèques d’objets réutilisables, interpolations de mouvements, …), ainsi que les valeurs égalitaires qu’il a réussi à imposer au sein de ses non-moins talentueuses équipes artistiques et techniques, son apport à l’enrichissement du paysage cinématographique français est d’autant plus honorable.
Ceci étant dit, malgré tout ces atouts a priori remis en jeu, rationalisés « postmortem* » et optimisés pour ce second long métrage, Calamity souffre de sérieux défauts qui donnent l’impression que d’importants sacrifices ont été concédés pour venir à bout de ce projet aux allures de luxueux téléfilm.
Passons rapidement sur les quelques plans qui exposent les limites du choix esthétique des personnages sans contours, noyés une palette colorimétrique trop dense jusqu’à la perte de lisibilité. Car les faiblesses et facilités que le scénario s’autorise apparaissent bien plus problématiques. Plusieurs invraisemblances et stéréotypes suspects, des scènes-pivots à la plausibilité douteuse, un enchaînement de péripéties convenues, des raccourcis expéditifs, des dialogues surlignés et parfois simplistes (typiques de l’écriture télévisuelle la moins glorieuse), un dénouement évacué à la hâte, comme un délestage d’urgence (le générique narratif final de Tout en haut du monde atténuait remarquablement les effets du dénouement précipité), empêchent le film d’atteindre le souffle romanesque qu’il méritait et visait probablement.

 

 

* C’est l’une des productrices du film, Claire La Combe, qui utilise cette expression malheureuse pour évoquer les débriefings réalisés après Tout en haut du monde et après Calamity (en vue du long métrage réalisé par Liane-Cho Han, Amélie ou la mécanique des tubes) afin de définir les points d’améliorations possibles sur les prochains projets.
Le lapsus est vraiment typique d’un producteur qui enchaîne les projets et oublie, consciemment ou pas, qu’un film vie bien au-delà de sa sortie en DVD.
Il est même souvent financièrement amorti par son « exploitation de secours » grâce aux dispositifs d’éducation à l’image. Calamity en bénéficiera, avec École & Cinéma vraisemblablement, dans deux ou trois ans.
Ceci me rappelle une autre expression fâcheuse, toujours en usage dans le contexte de la production de séries tv. La mise en fabrication est qualifiée par un « ça part dans les tuyaux » du plus bel effet.

 

anima