De l’audace

 

Vous êtes vous déjà demandés pourquoi les affiches des festivals de films d’animation sont -à quelques très rares exceptions – esthétiquement si insipides et si peu audacieuses ?
La communication de ces événements coûteux à organiser, à vocation fédératrice et à l’esprit joyeux, ne doit certes heurter personne. Mais est-ce une raison valable pour véhiculer presque systématiquement une image consensuellement mièvre, entretenant ainsi l’idée générale qu’ils promeuvent un registre de création aseptisé où la provocation, la subversion, l’impertinence, le politiquement incorrect, seraient des anomalies ?
Les deux posters réalisés par le cinéaste australien Adam Elliot pour la 27e édition du Festival International du Film d’Animation de Bucheon (sud-ouest de Séoul, Corée du Sud) constituent de fait de magnifiques spécimens de communication courageuse qui combinent originalité, fort impact visuel, tragi-comique d’atmosphère, auto-dérision, critique sociale et bienveillance.
En 30 ans de veille sur le monde merveilleux de la création animée, je n’ai pas souvenir d’équivalents aussi réussis.

Voici la traduction des propos d’Adam Elliot, rapportés par l’excellent site Zippy Frames, sur lequel j’ai trouvé ces images :
« Le thème de la première affiche est « Introspection« . Je pense que le fait de se préoccuper constamment de soi et de chercher sans cesse à se trouver soi-même est inhérent à la condition humaine. Cette image embrasse plusieurs sujets : l’introspection, le développement personnel, l’auto-analyse, le narcissisme et l’égocentrisme. En tant que cinéaste d’animation, je suis convaincu que les plus belles histoires émergent du plus profond :) de nous-mêmes. A l’instar de nos empreintes digitales, nous sommes tous uniques. Aussi, en nous observant attentivement, nous pouvons trouver des significations plus profondes sur nous-mêmes et sur le monde qui nous entoure. »

« Le thème de la seconde affiche est « Don’t Worry, Be Happy » (« Ne vous inquiétez pas, soyez heureux », ndt). Cet homme est quelqu’un auquel je m’identifie. Je ne sais pas vraiment pourquoi je l’ai créé mais il me semble que j’aimerais le rencontrer pour discuter de la vie, de l’univers et de tout le reste. Ce n’est certainement pas un bel homme mais il a l’air d’être plutôt bien dans sa peau. J’apprécie toujours les gens sans ego ni gêne quant à leur apparence. Il paraît être quelqu’un de très optimiste qui, quelles que soient les circonstances, voit la vie du bon côté et y trouve des côtés positifs. »

 

 

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