Pour célébrer à sa manière la Journée internationale du cinéma d’animation (28 octobre), la Cinémathèque française a publié sur sa plateforme de diffusion de contenus, Henri, un montage inédit, de 18 minutes silencieuses, intitulé « Incunables de l’animation ». Celui-ci présente quelques-uns des plus beaux spécimens de dessins animés pré-cinématographiques, issus des collections de la Cinémathèque française, conçus pour certains plusieurs décennies avant l’invention des premières caméra.
Figurent dans ce montage des disques stroboscopiques ou phénakistiscopes (1833), des bandes de zootrope (commercialisées à partir de 1867) et bandes du praxinoscope d’Émile Reynaud (1878-1879), des bandes réinterprétant les séries chronophotographiques d’Edweard Muybridge et Ottomar Anschütz (1880-1890), une bande chronophotographique inédite de Étienne-Jules Marey (1889), des films chromolithographiques (réinterprétant graphiquement des séquences de films en vues continues, fabriquées à partir de 1897), dont un s’inspirant du deuxième film de Georges Méliès, Une séance de prestidigitation (1896).
Deux regrets, histoire de pinailler :
• le titre de ce montage détourne à bon escient un terme abscons pour le commun des mortels. « Incunables » désigne en effet les livres publiés avant l’invention de l’imprimerie. Il s’agit donc ici de dessins animés, majoritairement fabriqués avant l’invention des premières caméras apparues autour de 1895. Ce choix lexical présente le gros défaut d’intellectualiser tout un pan de l’Histoire des arts ciné-graphiques et de pénaliser l’entreprise de vulgarisation que nous sommes de plus en plus nombreux à mener afin de modifier la perception générale de l’Histoire des arts visuels narratifs.
• L’absence dans ce montage de bandes et disques stroboscopiques à caractère érotique, voire pornographique est aussi regrettable. Une bonne partie d’entre eux est tout à fait regardable même par les âmes prudes. Ce manque, peut-être simplement dû au fait que la Cinémathèque n’en possède pas (ce dont je doute fort), empêche aussi le spectateur lambda de prendre conscience des immédiates assimilation et commercialisation des représentations sexuelles animées par les « proto-producteurs » de l’ère pré-cinématographique. Autrement dit, que l’excitation du désir sexuel par l’image mouvante n’a pas attendue les années 70 du 20e siècle pour contaminer la culture populaire.
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