Le 8 juin dernier arrivait sur les écrans étasuniens le dernier long métrage produit par Disney/Pixar, Le monde de Dory. Le film est sorti en France le 22 juin.
Dory, c’est le personnage faire-valoir amnésique qui accompagnait dès 2003 les aventures de Némo, un poisson-clown (Amphiprion percula) mignon comme tout. Tellement mimi que des milliers de parents imbéciles ont dynamisé le commerce non-moins imbécile de l’exportation et de la vente de ces petites bestioles, extraites de leur milieu naturel – les massifs coralliens du Pacifique et de l’océan Indien – pour aller crever dans les aquariums d’enfants gâtés occidentaux.
Dory est dessinée à l’image du poisson-chirurgien bleu (paracanthurus hepatus). L’espèce est assez commune dans les animaleries ; ces dernières peuvent espérer une tendance haussière de leur chiffre d’affaire dans les prochains mois sur ce produit porteur. Merci Pixar !
« Rabat-joie », ces commentaires ? Pas autant qu’on pourrait le croire. Car ce qui se joue derrière les apparences inoffensives du dernier blockbuster familial de la World Company de Saint-John Lasseter, va bien au-delà du petit excès de sensiblerie bobo-écologiste que constitue ce modeste article. Je vous renvoie, par exemple, au rapport « Historical evidence for nature disconnection in a 70-year time series of Disney animated films » publié en 2014, auquel j’avais consacré un billet dans ce blog. Après lecture, vous comprendrez mieux, je l’espère, pourquoi de plus en plus de voix critiques s’élèvent contre l’hypocrisie dangereuse des franchises animées hollywoodiennes de divertissement de masse (Madagascar, Âge de glace, Toy Story, Star Wars, et toutes leurs pâles copies internationales). Celles-ci façonnent en effet, avec une efficacité admirable, une vision idéalisée et béâtement optimiste du monde, compatible avec le modèle économique qui en est pourtant son plus terrible prédateur.
Addendum (mai 2020) : l’enseignant-chercheur Christian Chelebourg relativise « l’amnésie environnementale organisée » par la firme Disney dans son ouvrage « Disney ou l’avenir en couleur » (in « Une écologie de l’espoir », p. 239-264). Son argumentation est étayée par de nombreux exemples précis.
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