L’artiste turc, Erdal Inci, dont les boucles de clones démultipliés n’ont pas pris une ride, s’est lancé dans un projet de visualisation de données tout à fait en phase avec la grande sagesse des dirigeants conservateurs, qui ont bien raison de penser qu’il vaut mieux ériger des murs de protection plutôt que de régler les conflits par le dialogue et les échanges.
Cette visualisation de données consiste en la modélisation d’un édifice virtuel constitué des 45 000 segments du mur de Berlin. Les pièces sont agglomérées et intégrées, entre autres, dans la simulation photoréaliste d’une mise en situation possible de l’édifice pharaonique sur l’Alexanderplatz.
En bidouillant un peu avec les fonctionnalités de son logiciel de modélisation, Inci s’amuse à faire s’effondrer l’empilement absurde, non sans arrière-pensée malicieuse.
On l’aura compris, la portée de l’œuvre dépasse la simple performance de potache. Sa sémantique résonne à de multiples niveaux.
Historique, en rappelant aux berlinois (aux allemands, aux européens, au monde) l’ampleur de la folie abyssale de leurs ancêtres.
Politique, en interpelant les gouvernants du 21e siècle qui continuent de reproduire les mêmes erreurs. Certains poussant le talent jusqu’à se faire élire massivement sur la promesse de frontières physiquement hermétiques.
Philosophique, en soulignant la vanité des vanités que constituerait l’érection d’un tel projet architectural qui ne prendrait tout son sens que lors d’un effondrement organisé (improbable donc), célébration ultime de la régression infantile.
> les détails du projet sur le site d’Erdal Inci
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