2 avril au 30 décembre 2011
Musée de la broderie [Bayeux – 14]
Conceptualisation, développement, organisation, scénographie, communication
Entre juillet 2007 et novembre 2010, j’ai été chargé de l’assistance à maîtrise d’œuvre d’une exposition en forme de « passerelle culturelle » entre deux formes d’art graphique narratif élaborées aux antipodes de l’hémisphère nord, au Moyen Âge.
Conséquence directe d’un travail d’étude et de promotion de l’œuvre d’Isao Takahata, démarré en 1996, et de l’implication forcenée d’Isabelle Attard, ex-directrice du Musée de la Tapisserie de Bayeux, le projet de « lecture croisée » entre le Rouleau du Grand Conseiller Ban – chef d’œuvre de l’art des rouleaux enluminés japonais – et de la broderie normande conservée à Bayeux, ce projet – proposé au cinéaste japonais dès juin 2006 – a connu de nombreux revers avant d’aboutir à une collaboration avec le Studio Ghibli, le Musée Idemitsu de Tôkyô, et Ilan NGuyen, spécialiste du cinéma d’animation japonais.
Dans le dernier chapitre de son livre « L’animation au XIIème siècle« , publié en 1999, M. Takahata dressait une comparaison étonnante et originale entre deux séquences de la Tapisserie de Bayeux et les principes narratifs évoquant les processus cinématographiques utilisées dans les dessins animés, le cinéma et les bandes dessinées qu’il mît en évidence dans un corpus de quatre rouleaux enluminés réalisés au Japon à l’apogée de la période de Heian (fin du XIIème siècle).
Au-delà de la présentation inédite en Europe d’une forme d’art méconnue, il s’agissait donc aussi de valoriser par rebond des modes d’expression artistiques populaires contemporains que sont les bandes dessinées et le film d’animation, encore largement mésestimés dans leur dimension artistique, à la faveur d’un éclairage nouveau des arts narratifs médiévaux.
L’exposition a obtenu en 2009 le label « Exposition d’intérêt national » délivré par le Ministère de la Culture.
A l’issue d’une ultime série de réunions préparatoires en septembre 2010, le Studio Ghibli a accepté d’être officiellement partenaire de l’exposition.
Celle-ci a été finalement inaugurée le 2 avril 2011 en présence de M. Isao Takahata, M. Seiji Shirono (représentant du musée Idemitsu) et Mme Mikiko Takeda (chargée des relations internationale au Studio Ghibli).
Je décris l’histoire chaotique – et néanmoins personnellement déterminante – de cette exposition dans l »article « Un soleil radieux (souvenirs au compte-goûtes)« .
Déploiement commentée d’une reproduction des rouleaux du Grand Conseiller Ban,
en vis-à-vis d’une reproduction réduite de la broderie de la Reine Mathilde
Détails de la reproduction du rouleau déployé
L’original du rouleau du Grand Conseiller ban ne pouvant sortir du Japon,
le musée Idemitsu a prêté son collotype (reproduction quasi-identique, rehaussé de peinture).
Agrandissements géants et en haute définition de détails spectaculaires extraits des rouleaux du Grand Conseiller Ban,
exposés dans la chapelle du 13e siècle attenante au musée
Dans la même chapelle, deux séries d’agrandissement confrontait des détails coïncidents
entre la broderie médiévale et les rouleaux enluminés.
Manipulation virtuelle des Rouleaux du Grand Conseiller Ban sur tablette tactile géante
Parmi les nombreux contenus proposés aux visiteurs de l’exposition un déroulé des dessins préparatoires (reproduction intégrale à l’aquarelle sur papier quadrillé)
d’Émile Cohl pour son projet inachevé « La bataille d’Angleterre » (1933)
NB : ces photos ont été prises lors de l’inauguration de l’exposition, le 2 avril 2011.
Leur netteté approximative s’explique par le degré de stress et de colère ressenti par le photographe.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.