Pour le compte du groupe de production énergétique japonais Marubeni, le studio Ghibli vient de réaliser une belle séquence de dessins animés (par l’animateur-vétéran du studio Katsuya Kondô) basée sur les personnages du célèbre Chôjû-giga emaki (Le rouleau satyrique des animaux et des hommes), chef d’œuvre des arts narratifs datant du 12e siècle.
Je n’imagine pas une seule seconde qu’Isao Takahata ne soit pas (de près ou de loin) impliqué dans cette libre interprétation.
Ce spot exploite en effet la technique d’animation élégante du Conte de la Princesse Kaguya (simulation du trait de pinceau et du lavis). De plus, il rejoint les recherches que le cinéaste a menées pour l’écriture de son ouvrage consacré aux aspects cinématographiques et « animationnels » détectés dans un corpus de quatre œuvres peintes durant l’âge d’or de l’époque de Heian (Haut Moyen-Âge japonais).
Ce livre avait d’ailleurs incité la chaîne de télévision NHK à tourner un court documentaire explicitant les prémices de la grammaire cinématographique qu’Isao Takahata avait identifiées dans le premier des quatre rouleaux qui composent l’ensemble appelé Chôjû-giga. Des « images polychroniques » (plusieurs phases d’un même mouvement dans une seule image) et « effet de travelling » y étaient reconstituées, ainsi qu’une poursuite admirablement animée (probablement par un animateur du studio Ghibli proche de M. Takahata).
En voici quelques images peu connues en France :
Pour en rajouter une couche conclusive, on citera le clin d’œil de Takahata aux singes, lièvres et grenouilles du premier segment du Chôjû-giga dans la séquence qui clôt la scène de la procession spectrale de Pompoko (1993).
> visionner le spot réalisé par le Studio Ghibli
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