Inconséquence et infantilisation (toujours)

 

Chacun y allant de son petit laïus scandalisé sur l’adhésion moutonnière mondiale à la nouvelle fonctionnalité du Chat de Sam (laquelle, faut-il le rappeler, confère sur demande à n’importe quelle photo ou vidéo l’apparence de dessins animés imitant très grossièrement « le style* » visuel d’une entreprise japonaise, le Studio Ghibli), je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée émue pour toutes les personnes bien intentionnées qui me soupçonnent de provocation gratuite et infondée quand je qualifie amicalement le secteur professionnel de la création animée de « monde de Bisounours », en invoquant ses propensions, volontaires ou non, à l’infantilisation des esprits.
Ces critiques, supposées « exagérées » ou « de mauvaise foi », seront peut-être perçues différemment maintenant qu’une partie du personnel politique (jusqu’au sommet d’États) expose ostensiblement, par pur opportunisme de communicant-à-la-petite-semaine, son inculture, son incompétence, voire son déni des valeurs morales élémentaires, derrière des images qui n’ont finalement presque rien de ghibliesque.
Ces mêmes personnalités, pour beaucoup « influenceuses-de-masses » de par leurs fonctions, étalent ainsi, sans visiblement en avoir conscience, l’amplitude d’une ignorance crasse de tout ce qu’induit la caution apportée de fait à la perfidie décomplexée d’Open AI. Perfidie pour floutage volontaire d’une « zone grise » juridique (dans le droit français, la copie d’un style, et non d’une œuvre, n’est pas considérée comme une contrefaçon), pour encouragement à la médiocratisation et au mépris de  toute forme de création artistique/culturelle/patrimoniale, pour négation manifeste du coût environnemental désastreux engendré par ce type de gadget ridicule, pour violation caractérisée de la propriété intellectuelle (non pas du style Ghibli mais des images des films ingérées par la moulinette du CHAT, sans parler des photos personnelles vampirisées sans vergogne par la machine et ses propriétaires), entre autres.

Mais au delà de ces enjeux en apparence dérisoires en regard des guerres militaires et économiques, j’ai l’impression que le timide degré d’indignation publique face au phénomène médiatique de ces images virales, symboles de l’inconséquence systémique de l’époque, reste parfaitement proportionnel à la déconsidération massivement partagée de l’importance des contenus animés dans les cultures populaires contemporaines, et pas simplement en tant que simples divertissements pour enfants et adultes attardés.
Autrement dit, l’IAG dérégulée et placée entre des mains imprudentes détruit non seulement des pans entiers d’une industrie centenaire mais anéantit au passage le pouvoir d’influence pacifiste qui fait son principal intérêt sociétal. Cette dimension de soft power s’applique tout particulièrement aux œuvres de Hayao Miyazaki qui contribuent à masquer bien involontairement aux yeux du monde la réalité d’un Japon de nouveau va-en-guerre et ultra-réactionnaire.
Pffff ! La vie est si compliquée…

 

Et une bien « rigolote » pour finir :

 

 

* Je m’interroge brièvement sur la synthèse de ce pseudo « style Ghibli » dans ce « journal de la résistance ironique aux avancées de l’IAG » (mars 2025)

anima