Entre le 21 juillet et le 10 septembre 2007, le Musée d’art contemporain de Tokyo a consacré une énorme rétrospective au peintre paysagiste Kazuo Oga.
Ce dernier est devenu une célébrité mondiale suite à ses remarquables faits d’armes en tant que directeur artistique (chef décorateur) sur les longs métrages de Hayao Miyazaki (Mon voisin Totoro, Kiki la petite sorcière, Princesse Mononoke) et d’Isao Takahata (Souvenirs goutte-à-goutte, Pompoko).
Les français le connaissaient, sans le savoir, depuis bien plus longtemps car ses décors peints fascinaient déjà les enfants-téléphages des années 80 qui ingurgitaient avec circonspection les épisodes de la série d’Osamu Dezaki, Rémi sans famille.
Alors oui, au Japon, un musée national dédié à l’art contemporain a été capable d’organiser une exposition regroupant plus de 600 peintures produites pour les arrière-plans de films de dessins animés. Certes, ce type de manifestation n’était pas totalement dénuée d’opportunisme mais reconnaissons aux brillants esprits qui ont œuvré – du côté de Mitaka – au partenariat entre le Studio Ghibli et le Musée d’art l’audace et la pugnacité – qui n’allaient pas de soi au départ – pour amener l’animation dessinée contemporaine jusqu’au panthéon symbolique qu’elle mérite. C’est dans ce même contexte qu’eurent lieu notamment les formidables expositions consacrées aux layout des longs métrages de Ghibli en 2008 ou la grande rétrospective en hommage à Frédéric Back, en sa présence en 2011.
Dans le reportage promotionnel de cette exposition, récemment publié dans une version sous-titrée en anglais, les personnalités se succèdent pour vanter le raffinement pictural de la technique artisanale d’Oga. Isao Takahata, l’historien d’art Nobuo Tsuji, les chefs-décorateurs Naoya Tanaka et Shichiro Kobayashi, saluent unanimement son sens inouï de la lumière. Une lumière toujours chaleureuse, à de nombreux égards digne des plus grands impressionnistes, inscrite dans la lignée des grandes figures de la peinture nippone, indéniable facteur d’adhésion quasi-inconditionnelle des publics aux récits auxquels Oga a contribué si habilement à la crédibilité.
On en profitera pour revoir l’artiste au travail pour mieux s’imprégner religieusement d’un savoir-faire dont il n’existe que trop peu de détenteurs dans nos contrées.
Simplement parce qu’il n’y a plus de maîtres de cette envergure pour les former.