Plan extrait du film : Kaguya hime no monogatari
Réalisé par : Isao Takahata
Japon / 2013
A ce stade du récit (fin du second tiers du long métrage de 2h20), Takenoko (« Pousse de bambou ») prend conscience des obligations auxquelles sa condition imposée de « princesse » terrestre va l’astreindre jusqu’à la fin de ses jours suite aux déconvenues de ses 5 prétendants et à la proposition quelque peu insistante de l’Empereur lui-même. Son père adoptif, désirant pour elle un avenir de personne de haut rang, la presse au mariage sans véritablement se soucier des aspirations de la jeune femme à une vie simple et libre.
Comprend-elle alors ses véritables origines célestes quand le reflet d’une lune encore vague, ondulant à la surface de l’étang qui entoure sa demeure, vient aviser le spectateur (complice ou pas) de l’issue à venir ?
Dans ce choix de mise en scène en forme de ponctuation poétique renvoyant directement aux notes contemplatives des dames de cour du Xe siècle, sont contenues toute la bienveillance et l’audace filmique d’Isao Takahata. L’épure de ce plan presque abstrait est comparable à un geste calligraphique zen, tout à la fois fixe et dynamique, intègre, évident, essentiel. A ce titre, il sert l’ellipse symbolique par laquelle le cinéaste déjoue tout recours à la facilité du surnaturel – ce moment silencieux matérialisant l’annonciation divine de son prochain retour à ses origines célestes – nous épargnant magistralement les stratagèmes simplistes utilisés généralement par ses coreligionnaires de registre cinématographique.
« La face des eaux
limpides et sans nuages
mille années durant
de la lune abritera
ainsi la clarté sereine«
Tanka de Murasaki-shikibu (Xe/XIe siècle) , traduction de René Sieffert
Une image-ricochet
2 ou 3 choses que je sais d’elle de Jean-Luc Godard – 1967