La mort n’existe pas

Réactions à chaud :

En parlant du registre trop peu exploré de la tragédie animée, radicale et politique, le troisième long métrage réalisé par Félix Dufour-Laperrière se pose là.
Tout part d’un attentat terroriste fomenté puis commis par un groupe de jeunes militants contre un couple de richissimes capitalistes et leur milice privée. Seule rescapée parmi les assaillants, Hélène abandonne ses compagnons à leur sort funeste. Sa fuite, aussi physique que métaphysique, dans une forêt transitionnelle entre le monde des morts et celui des vivants, la confronte à ses contradictions et à l’idéal de vie qu’elle ne parvenait pas jusque là à formuler, tandis que partout des foules insoumises déferlent en tsunamis ravageurs.
La mort n’existe pas nous reprend donc là où Ville Neuve (2018) nous avait laissé. Au milieu d’êtres désespérés, prisonniers du chaos de leur époque, en équilibre précaire au bord du précipice depuis lequel la perspective fuyante n’a plus rien de glorieux. Alors, quitte à tout perdre, la violence extrême devient l’ultime recours. «On ne pourra pas dire qu’on est resté là sans rien faire. On ne pourra pas dire qu’on n’a rien essayé !» Toutefois, la brutalité et la tonalité presque nihiliste de ce récit est sublimée par une mise en scène lumineuse, audacieuse et inventive, au mépris de la complexité technique qu’elle engendre. Je pense notamment aux balayages de lumière dessinée sur les corps et les visages aux contours indécis qui métaphorisent à eux-seuls la foi désarmante que manifeste le cinéaste québécois en la puissance poétique du dessin de mouvements. Une foi qui galvanise à l’évidence ses équipes artistiques et techniques, en particulier toutes celles et ceux qui œuvrent à ses côtés pour traduire en graphisme, en musique et en voix la force de son écriture à l’amplitude littéraire si singulièrement précieuse.

Articles sur le même thème :

Ville Neuve Archipel Rencontre avec Félix Dufour-Laperrière