Là où sont les maximonstres

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Après le succès de Tron, les studios Disney commencèrent à accorder un peu plus de crédit au développement des technologies de modélisation d’images de synthèse.
C’est dans ce contexte qu’en 1983, John Lasseter est associé au jeune animateur prometteur Glen Keane pour élaborer le pilote de l’adaptation animée du célèbre album illustré de Maurice Sendak. Dieu merci le projet resta à l’état de bout d’essai et précipita Lasseter (soutenu par Steve Jobs) dans l’aventure Pixar. On connaît la suite.

J’ai longtemps attendu de découvrir les images de ce projet puis j’en ai oublié jusqu’à l’existence, après avoir rencontré les films du studio Weston Woods, spécialisés dans les adaptations d’albums illustrés. En 1973, Gene Deitch – électron libre de l’animation étasunienne, passé à l’Est depuis la fin des années 60 – y réalisa une remarquable transposition à l’écran, en étroite collaboration avec l’auteur même du livre.
Étayée par des moyens techniques dérisoires, la réussite du film repose presque exclusivement sur la force graphique de l’œuvre originelle fidèlement déclinée et sur la narration orale d’Allen Swift. Visionnant aujourd’hui pour la première fois les tests de Lasseter/Keane, j’y vois, outre les tics insupportables de l’animation élastique disneyienne, une totale perversion de la dimension métaphysique du récit de Sendak.
Il est vrai qu’entre temps, Spike Jonze est parvenu, sur la durée d’un long métrage (2009), à pénétrer la substantifique moelle de l’enfance par la voie d’une extrapolation poétique, et quelque peu frondeuse, de Where the wild things are. Une vision intègre qui déclasse définitivement les réalisations précédentes au niveau du simple produit dérivé.

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> Quelques images d’archives du test d’animation de Lasseter et Keane
> la version Weston Woods, par Gene Deitch et Maurice Sendak himself
> la bande annonce du long métrage de Spike Jonze

 

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