Le principe de la “chambre obscure” (camera obscura) était-il connu des hommes du Paléolithique ?
Et si c’est le cas, cette découverte est-elle à l’origine de la représentation picturale – à l’origine de l’art – sous les formes que nous lui connaissons (anatomies animales disproportionnées, “illusion de mouvement”, dessins “renversés”), issues des plus somptueux vestiges retrouvés sur les parois des cavernes préhistoriques ?
Depuis quinze ans, l’artiste nord-américain Matt Gatton mène des recherches pour répondre à ces questions, travaux dont une première synthèse particulièrement convaincante fut présentée en 2005 à l’Université de Louisville.
“Les climats rudes de l’ère Paléolithique forcèrent les hommes à trouver des méthodes, telles que l’utilisation de tentes en peau à l’entrée des grottes sous les surplombs, pour retenir la chaleur au sein des lieux d’habitation. De petits trous de fortune dans ces toiles de tente produisirent des caméras obscures naturelles, projetant des images mobiles à l’intérieur. Ces images fantômes ne comportaient pas seulement un aspect esthétique mais peut-être aussi spirituel et philosophique.
Imaginez une personne durant le paléolithique remarquant au petit matin l’image des animaux marchant sur les murs autours d’elle: le monde en trois dimensions réduit à deux dimensions sur une surface à l’intérieur de la tente !
Comment réagit cette personne? Comment interpréter ces esprits ainsi manifestés? Est-ce le moment de la révélation ultime? Est-ce la porte d’entrée dans le domaine religieux, la pensée philosophique, ou encore la communication visuelle ?“
Étayée par de nombreuses reconstitutions rigoureuses (photos et dessins © Matt Gatton), sa théorie est désormais prise très au sérieux dans les études les plus récentes en matière d’interprétation de l’art pariétal, accréditant l’idée séduisante d’une invention fortuite d’un pré-cinéma – sinon d’une “proto-fantasmagorie” – provoqué(e) par un phénomène optique naturel probablement incompréhensible aux temps préhistoriques et donc aisément mystifiable.
Le prolongement de ces recherches aux contextes du Néolithique pré-celtique, de l’Égypte et de la Grèce antiques éclaire d’un jour nouveau certains mystères architecturaux.
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