Socio-génèse d’un cinéma-bis en France (1950-2010)
par Cécile Noesser
Éditions L’Harmattan – 2016
311 pages
ISBN : 978-10-343-09033-7
La France a vu naître l’Art de l’animation avant celui du cinéma.
Durant toute la première moitié du 20e siècle, s’y est développée une avant-garde d’auteurs et de pionniers de l’imagerie contemporaine.
Régulièrement depuis la fin des années 90, la production française talonne les géants étasuniens et japonais, à la troisième place des pays exportateurs de séries télévisées, de longs et de courts métrages animés. Une position dominante acquise à la faveur d’une longue et laborieuse structuration de tout une filière, sous l’impulsion du “Plan-Image” lancé par l’État en 1983.
Chaque année, début juin, se tient à Annecy la plus prestigieuse vitrine internationale du film d’animation, augmentée de son marché du même nom.
Doté d’un dense circuit de salles “art et essai” que nous envie le monde entier, le territoire affiche le meilleur potentiel européen de diffusion pour les œuvres cinématographiques, hors standards imposés par les deux super-puissances mondiales de l’animation.
On dit même que l’offre française en matière de formation aux métiers de l’animation est l’une des plus performantes d’Europe.
Pourtant, cet “Art” – qui dépasse largement le seul contexte cinématographique – peine toujours à gagner sa “légitimité culturelle”. Autrement dit, à s’affranchir dans l’inconscient collectif – politique, économique, médiatique, culturel – de son statut réducteur de “genre”, mineur et infantilisé.
Sur le terrain, hors de portée du microcosme parisien et des quelques pôles d’initiatives éparpillées dans l’hexagone (et dans une île de l’océan indien !), le constat est étayé par quantité de facteurs aggravants, allant de la mobilisation apathique autour de la “Fête mondiale de l’animation” (annuelle depuis 2002) à l’inexistence d’un enseignement généralisé de l’animation dans les écoles d’art régionales, en passant par le déni quasi-unanime (à de très très rares exceptions) du tissu entrepreneurial et institutionnel décentralisé de la puissance patrimoniale que représente une production enrichie par le renouvellement, la diversification créative et la démultiplication de ses forces vives.
Qu’est-ce qui a échoué ?
Quels mécanismes combinés ont entretenu, et entretiennent encore, les verrouillages ?
La première véritable étude transversale de sociologie du cinéma d’animation français résolument accessible à tous les lectorats (malgré un titre brechtien peu engageant), thèse de doctorat de Cécile Noesser diffusée par-delà l’entre-soi universitaire grâce à cette publication soignée, apporte quelques éléments de réponse. A la faveur d’un bel effort de vulgarisation, “la résistible ascension du cinéma d’animation français” décrypte clairement les arcanes d’un petit monde en perpétuel mal de reconnaissance, les luttes internes – d’intérêts et d’ego – qui le régissent, ses ambitions déçues, ses petits miracles, et les solutions à ses petits malheurs, solutions qu’il porte en lui depuis toujours.
Que voilà donc une bien salutaire et précieuse lecture !
Sommaire
Préface de Frédéric Gimello-Mesplomb
Introduction
Chapitre I – En quête de dignité
I. Le “temps des héros” (1950-1981)
II. L’atomisation : l’année 1982
III. L’état de l’animation à la veille du Plan Image
Chapitre II – Les grandes ambitions : un “plan Marshall” pour le cinéma d’animation (1982-1986)
I. Les contours ambigus du plan de relance
II. Une phase critique : les (in)adaptations de la profession
Chapitre III – De la guerre au consensus : le rôle central des intermédiaires
I. La qualité : une requalification par et pour la télévision
II. Une politique des producteurs
Chapitre IV – Les visages de la production française (1958-1983)
I. Tentatives pour faire école
II. La Nouvelle Vague a-t-elle eu lieu ?
III. “Le chaînon manquant” : un cinéma sans auteur ?
Chapitre V – L’âge adulte : du genre à l’œuvre
I. “Cinéastes peintres” et “cinéastes conteurs”
II. La conquête du long métrage
III. Le tournant Kirikou
Conclusion
Bibliographie sélective du cinéma d’animation
Annexes
1. Longs métrages ayant reçus l’avance sur recette (AR), 1960-2004
2. Image par Image, 20 propositions, juin 1983
3. Courts métrages nominés aux Césars, 1977-2011
4. Glossaire
5. Chronologie indicative. 60 ans d’évolution du cinéma d’animation français (1950-2010)
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