L’amour avec Jasmine

jasmine
Plan extrait du film :  Jasmine
Réalisé par : Alain Ughetto
France / 2013

Difficile de ne pas voir dans la plus belle séquence du long métrage d’Alain Ughetto une citation de l’un des trois segments du film de Jan Svankmajer Les possibilités du dialogue (1982) où deux êtres de glaise s’entremêlent l’un à l’autre. Une métaphore de coït fusionnel d’autant plus éloquente qu’elle est appuyée par la présence des empreintes digitales de l’animateur-modeleur même, lequel postule ainsi la prévalence du toucher dans la relation amoureuse. Cependant, il me semble que la scène d’amour entre Jasmine et le narrateur renvoie tout autant au film de Clorinda Warny, Premiers jours, d’une année antérieur à celui du surréaliste tchèque. En effet, le mélange des pâtes à modeler colorées sous forme de paysage aquatique (métaphore de la Méditerranée culturelle qui unira et séparera les deux amants) rejoint le propos de la réalisatrice canadienne établissant par les métamorphoses de traits l’interconnexion entre la Terre et l’humain.
La forme et la manière adoptées par Alain Ughetto ne sont donc pas originales mais elles demeurent toujours aussi appropriées pour ce qui est de décrire l’indescriptible avec une extrême pudeur inversement proportionnelle à n’importe quel agglomérat de chairs frontalement capturé par une caméra. Transcendant l’érotisme, ce qui est montré est au-delà de l’excitation des chairs, à un niveau où l’intimité sensorielle s’extériorise sans la moindre indécence exhibitionniste.
Les mouvements en scène disent sans dire, montrent sans montrer. Ils incarnent le pouvoir infini des images intelligentes.

 

Une image-ricochet

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Plan extrait de Premiers jours, film posthume de Clorinda Warny – 1981

anima

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