L’avenir [des pixels] est entre nos mains
de Timothy Duquesne
[L’avenir des pixels]
@timothyduquesne
Chez Nous – 2015
319 pages
ISBN : 978-2-9551805-0-1
A la fois livre-actif et expertise lucide à hauteur du commun des mortels (c’est-à-dire nous épargnant la novlangue des bobos néo-lib de la French Tech et autres communicants du macronisme triomphant), cet ouvrage gagne à être lu et digéré par le plus grand nombre.
Qu’il se sente un tant soit peu concerné par la création de contenus audio-visuels destinés à être diffusés, ou simplement consommateur curieux de savoir où va ce monde, chacun trouvera dans “L’avenir [des pixels] est entre nos mains” une matière résolument optimiste, abondamment sourcée et augmentée de la révélation de réels “super-pouvoirs” et des responsabilités qui vont avec.
L’auteur, Timothy Duquesne, nous interpelle avec bienveillance sur l’urgence d’une prise de conscience de la valeur – des valeurs – que nous souhaitons tous conférer aux usages des technologies digitales de l’information et de la création. Car le flux intarissable des pixels (plus petits dénominateurs reliant visuellement les humains) remplit de manière permanente et exponentielle un jeune océan aux limites infinies. Une “révolution pacifique” dans cet “océan de pixels” est non seulement possible mais plus que nécessaire afin d’influer positivement sur rien de moins que le devenir des habitants de cette planète.
Cet ouvrage de noble vulgarisation, transpirant par ailleurs une conscience citoyenne élevée, explique les défis fondamentaux d’une société universelle entrée trop brutalement dans l’ère de la sur-sollicitation audio-visuelle. Une ère que d’aucuns qualifient sans ambages de “mégalocène” (“poubellocène” disent les plus pessimistes) où l’emballement irréversible est considéré comme une fatalité. Une ère où l’effacement des frontières entre les métiers/les disciplines impose, depuis deux décennies au moins, aux créateurs de pixels une totale reconsidération des modes de production, de diffusion, de fabrication, d’écriture de création. Une ère où il est possible de créer mieux, de partager mieux, de vivre mieux en somme.
Pour cela, Timothy Duquesne préconise notamment de “se penser en écosystèmes durables“, de valoriser pleinement le potentiel des “réseaux sociaux de niche interconnectés“, sinon d’envisager notre “liberté de partager les pixels” comme la meilleure défense contre “les intérêts des héritiers des modèles de distribution centralisée“. D’accepter le libre accès comme une extraordinaire publicité faite aux contenus payants et à leurs auteurs, de “réinventer le marketing“, d’intégrer réellement le lecteur/spectateur/utilisateur comme partie prenante de la création elle-même, d’assumer une bonne fois pour toutes l’interdépendance des “acteurs”, les uns vis-à-vis des autres, au sein de l’écosystème global auxquels ceux-ci sont inévitablement reliés.
De tout faire pour éviter de créer des “pixels sans âme”.
Qu’attend-on pour s’y mettre vraiment ?
Tiens, et si on appliquait tout cela, juste par curiosité, à la création (non-industrielle) d’images animées ? Celle-ci étant intégralement constituée de pixels, hybridée et transversale par nature, écosystème ou “réseau social de niche interconnecté” à d’autres “écosystèmes interconnectés” (tous les modes d’expression artistiques existants), élément constitutif de l’écosystème universel de la création culturelle (artistique, artisanale et industrielle), réfractaire au marketing centralisée, remplisseuse zélée de “l’océan de pixels”….
Pas de doute, l’ouvrage de Timothy Dusquesne aurait tout aussi bien pu s’intituler “l’avenir [de l’animation artistique] est entre nos mains” ;-)
D’ailleurs, en discutant récemment avec lui, (ce dernier ayant le bon goût de vivre en Basse-Normandie), alors que, par le plus grand des hasards, j’avais sous la main un recueil de textes d’Alexandre Alexeieff, je lui ai parlé brièvement de l’écran d’épingles et de ma conviction que cette invention géniale (de 1932 !) marquait aussi celle du “pixel de création“.
En même temps, me revenait à l’esprit les propos prononcés par le cinéaste en 1967 : « J’imagine aussi que le temps ne doit plus être loin où il deviendra possible de visionner et de revoir chez soi des films d’animation, en les choisissant, à l’aide de quelque ordinateur et du téléphone, dans les cinémathèques de télévision. Ce rêve que j’ai depuis vingt ans deviendra peut-être possible : visionner individuellement des films de son choix, comme on choisit un volume de poésies dans sa bibliothèque privée. »
Qu’aurait pensé Alexeieff de notre océan de pixels ?
> L’inventaire des “enrichissements” du livre
> La chaîne Soundcloud “We Support Creators” qui augmente ce livre.
Sommaire
Préambule
“Pixel”, vous avez dit pixels ?
Tous les pixels ne se valent pas
Un carnet de voyage enrichi
Un livre accessible
Nous sommes immergés dans un océan de pixels
Un territoire infini
Tous connectés
Les pixels nous suivent partout
Un nouveau rapport au monde
Ubiquité des pixels
Un océan en mutation
Les frontières fissurées
Une perpétuelle adaptation
Bâtir en écosystème
La télévision en mutation
Quel avenir pour la gestion collective ?
Le marketing à la truelle à bout de souffle
Notre attention mouvante
Nous assurons le marketing des pixels
Nous finançons la naissance et la propagation de nombreux pixels
Un océan de pixels dont nous avons la responsabilité
Nous sommes entrés dans une ère nouvelle
Le réseau social, c’est nous
Nos données, un bien précieux
Quel service public voulons-nous ?
Quel journalisme voulons-nous ?
Quel avenir pour les pixels de création ?
Si on réinventait le marketing ?
Notre liberté dans l’océan de pixels
Notre responsabilité à l’égard de nos enfants et des générations futures
Les pixels façonnent le monde
Construisons l’océan de demain
Nos destins en main
United, we are reinventing Media (Unis, nous réinventons les médias)
Révolution pacifique dans l’océan de pixels
L’avenir [de ce livre] est entre vos mains
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