Série documentaire de Romain Delerps et Alexandre Hilaire
France – 2016
Distribution/édition : Doriane Films
Durée : 171 mn
Bonus : 17 courts métrages d’animation (135 mn)
Il est désormais possible d’appréhender sérieusement et en quelques heures de visionnage, l’histoire, les tendances et les enjeux du cinéma d’animation français, de ses débuts pré-cinématographiques à nos jours.
La première période, couvrant l’invention de l’art des dessins animés jusqu’à 1948 (année de sortie du court métrage de Paul Grimault, Le petit soldat), s’embrasse grâce à l’ouvrage collectif « Du praxinoscope au cellulo – une demi-siècle de cinéma d’animation France » et aux douze films du DVD qui l’accompagnent.
La série documentaire signée par Romain Delerps et Alexandre Hilaire englobe quant à elle, le demi-siècle suivant, ou plus exactement l’émergence des héritiers de Paul Grimault, au milieu des années 60, jusqu’aux personnalités artistiques plus ou moins confirmées qui composent le paysage de l’animation française contemporaine.
Les trois volets de cette série, du fait justement d’un format confortable et étalé, évitent brillamment plusieurs écueils : l’autosatisfaction, la dithyrambe béate, la flagornerie, l’approximation.
C’est ainsi qu’au sein de ce triptyque remarquablement organisé, plusieurs paroles franches et instructives pour la collectivité, émanant de personnalités peu connues du grand public, méritent d’être citées ici.
René Broca, responsable du RECA (Réseau des Écoles de Cinéma d’Animation)
» Il y a de très bonnes écoles d’animation en France, c’est vrai. Mais il y en a aussi de très mauvaises.
C’est l’un des problèmes que nous rencontrons car la formation est un marché. Ce n’est pas seulement un idéal humaniste et républicain, c’est aussi un marché investi par des gens qui se disent qu’ils peuvent profiter d’une certaine fascination que peuvent exercer certains métiers, ou le cinéma de manière générale. […]
Les premiers résultats [d’une cartographie des établissements français, ndr] indiquent autour de 90 structures qui prétendent former à l’animation. Pour vous donner un chiffre de référence, le RECA – je ne dirais pas qu’il regroupe toutes les meilleurs écoles mais plutôt que les meilleurs écoles en sont membres – compte 22 [25 en 2017, ndr] membres… »
Dora Benousilio, productrice (Les films de l’Arlequin)
« C’est sans doute beaucoup plus facile de trouver des financement aujourd’hui car les sources possibles sont multiples. Les régions, les chaînes de télévision sont intéressées, les distributeurs sont intéressés et les projets arrivent à se monter plus facilement à l’international. De fait, il y a aussi beaucoup plus de concurrence […] puisqu’il y a beaucoup plus de projets qui se fabriquent chaque année. Cependant, pour les longs métrages un peu atypiques, c’est-à-dire pas spécialement conçus pour les enfants, cela reste assez compliqué. Par exemple, sur le projet que nous développons avec Florence Miailhe, et Marie Desplechin comme scénariste, [La traversée, ndr] c’est très difficile. »
Florence Miailhe, réalisatrice
» Un trait de pinceau avec de l’encre peut être très maîtrisé, comme dans la peinture chinoise ou japonaise, mais ce trait contient toujours un petit quelque chose qu’on ne maîtrise pas. C’est dans ce rapport imparfait entre la matière et son support, entre l’encre et le papier qui la reçoit par exemple, que va se nicher l’émotion ou la sensualité. Grâce à l’ordinateur, on peut désormais obtenir facilement le rendu d’un trait de pinceau et de la surface granuleuse d’une feuille de papier, mais cette démarche revient à chercher l’imperfection. Or, il ne faut pas chercher le défaut, il arrive et on en profite ou pas. C’est alors notre choix qui intervient et nous pousse à l’exigence, en choisissant de conserver ou non cet « accident », ce hasard, qui vient enrichir le trait, l’image ou même le propos. »
Christian Volckman, réalisateur
» En tout et pour tout, l’aventure [de Renaissance, ndr] a duré sept années. Ce qui fait que lorsqu’on sort un film d’une heure et demi et qu’on réalise qu’on vient de passer sept ans de sa vie là-dessus, le rapport au temps devient complètement schizophrénique. Au final, mon film ne ressemblait plus à celui que je voulais faire sept ans auparavant, ce qui fait que je ne me suis plus du tout reconnu dans le film terminé. J’avais mûri, mes intentions n’étaient plus les mêmes. J’en nourrissait une certaine frustration dans mon rapport au travail, à l’instantanéité qui participe de l’acte de création. La liberté, pour moi, fut donc de revenir à un état d’action/réaction […] afin de faire émerger la création jusque dans l’immédiateté. »
Sébastien Laudenbach, réalisateur
» Le vrai problème pour moi est le moment où l’on passe à l’animation [la fabrication des phases de mouvements, ndr] qui est un temps d’exécution de ce qui a été prévu à l’avance. Or, je ne dessine pas pour appliquer un programme. Je préfère dessiner pour être étonné par ce que je fais. […] J’ai l’impression, (peut-être que je me trompe), qu’il y a une tendance actuelle de finition du film. Je parle surtout des courts métrages que je peux voir en festivals, qui sont tous extrêmement finis. Et plus je vois ça, plus j’ai envie de partir à l’opposé et de faire des choses qui ne sont pas achevées et qui me surprennent… C’est vraiment ce qui m’excite le plus : être surpris par ce que je crée. »
Marcel Jean, essayiste, historien, directeur artistique du festival d’Annecy
« Je vois principalement trois forces particulières à l’animation française.
1° Son financement public conséquent.
2° Une sorte d’exception française qui considère l’auteur avec beaucoup d’attention et de précautions. Ce qui permet à des œuvres singulières de voir le jour avec des moyens conséquents.
3° Un réseau d’écoles d’animation qui propose des formations solides et produit une grande quantité d’artisans compétents. lesquels ont pu – jusqu’ici – bénéficier du système de l’intermittence. Ce qui n’est pas sans effets sur la qualité même de la production. »
Contenus
DVD 1
Les trois volets de la série :
1. Le dessin animé après Paul Grimault
Autour ou avec les personnalités suivantes : Paul Grimault, Jacques Colombat, Jean-François Laguionie, René laloux, Jean-Jacques Prunès, Michel Ocelot, Sylvain Chomet, Jacques-Rémi Girerd, Marjane Satrapi.
2. Des studios et des écoles
Avec les interventions de Jacques-Rémi Girerd, Pierre-Luc Granjon, Alain Gagnol (Folimage), Didier Brunner (Les Armateurs), Christophe Jankovic (Prima Linea), Arnaud Demuynck (Films du Nord), René Broca (Réseau des Écoles de Cinéma d’Animation), Fred Nagorny (Gobelins), Christian Arnau (EMCA), Annick Teninge et Laurent Pouvaret (La Poudrière), Benjamin Renner, Marc Jousset (Je Suis Bien Content).
3. Un cinéma de tous les possibles
Avec les interventions d’Olivier Catherin (Pictanovo), Antoine Lanciaux (réalisateur), Florence Miailhe (réalisatrice), Sébastien Laudenbach (réalisateur), Serge Avedikian (comédien, réalisateur), Arthur de Pins (auteur, réalisateur), Dora Benousilio (Les films de l’Arlequin), Guillaume Helloin (TeamTo), Christian De Vita (réalisateur), Arnaud Philippe-Giraux (matte painter), Christian Volckman (réalisateur), Cécile Rousset (réalisatrice), Patrick Eveno (directeur de la CITIA), Marcel Jean (essayiste, historien, directeur artistique du festival d’Annecy).
DVD 2
17 courts métrages :
• La Demoiselle et le violoncelliste de Jean-François Laguionie
• Le Vélo de l’éléphant d’Olesya Shchukina
• Paul de Cécile Rousset
• Monstre sacré de Jean-Claude Rozec
• Shéhérazade de Florence Miailhe
• Le petit Cirque de toutes les couleurs de Jacques-Rémy Girerd
• L’automne de Pougne de Pierre-Luc Granjon
• La Femme papillon de Virginie Bourdin
• Le petit Dragon de Bruno Collet
• Le Printemps de Jérôme Boulbès
• Vasco de Sébastien Laudenbach
• La Belle-fille et le sorcier de Michel Ocelot
• Cadavre exquis, Collectif
Quatre essais sur l’écran d’épingles
• Essai (écran d’épingles) de Florence Miailhe
• Essai (écran d’épingles) de Pierre-Luc Granjon
• Étreintes (teaser), essai (écran d’épingles) de Justine Vuylsteker
• Essai (écran d’épingles) de Cerise Lopez
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