Long métrage d’Alê Abreu
Distribution/édition : Arte Éditions
Durée du film : 70 mn
Le premier long métrage d’animation du talentueux Alê Abreu est un cas exceptionnel dans un registre de création largement conditionné par des levées de fonds importants, émanant en grande partie d’investisseurs publics et privés, globalement peu enclins à financer une sévère critique du modèle économique sur lequel ils prospèrent de concert.
Autrement dit, Le garçon et le monde est un film politique, altermondialiste en l’occurrence, qui prend les atours d’une magnifique métaphore du mirage de la mondialisation sauvagement néo-libéralisée.
Afin de réussir ce pari audacieux, son auteur recoure à différents stratagèmes audiovisuels particulièrement efficaces. Le contexte d’une planète parallèle lui fournit un relatif alibi. La fantaisie bigarrée de ses esthétiques « naïves » et sa trame sonore remarquablement universalisée facilitent l’adhésion d’un large public à un implacable plaidoyer contre les mécanismes du libre-échangisme globalisé. Des mécanismes dont les rouages les plus ostensibles sont illustrés – et finalement montrés frontalement – un à un dans ce film : illusion du progrès, privatisation de la moindre richesse terrestre, asservissement des peuples, organisation du consentement, épuisement des ressources vitales, etc.
Cerise sur le gâteau, la dénonciation des dérives « mégalocènes » n’est pas ici déguisée en fable lourdement moraliste. Elle est le cœur-même et l’architecture gigogne d’un long inventaire poétique d’ailleurs constitué par l’ensemble des motifs prévertiens : l’innocence, la graine, l’oiseau, la liberté, les couleurs, le collage ironique, l’anthropomorphisme de la machine, la pathétique splendeur du totalitarisme, la désillusion, et l’espoir, toujours.
Ne manque à l’appel que l’anticléricalisme, sans doute trop périlleux dans un monde prétendu civilisé, en déficit d’horizon.
« Ordre et progrès » proclame la devise du Brésil.
Alê Abreu souffle aux enfants du monde : « liberté et humilité ».
Compléments :
• Entretien avec le réalisateur (25 min.)
• Making-of du film (27 min.)
• Passo, court-métrage de Alé Abreu (2008)
• Livret d’accompagnement (8 pages)
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