Un film ” coup de cœur Annecy 2020**” d’Andreï Khrjanovski
Titre anglais : The Nose or the Conspiracy of Mavericks
Année de sortie : 2020
Origine(s) : Russie
Où [le] dirigeant nous a appris, et n’a cessé de répéter, de rester vigilant et d’effrayer nos ennemis.
NB : On me reproche parfois d’être trop sévère ou trop intransigeant à l’égard de l’animation française, lorsque je la décris d’une manière générale comme immature, auto-satisfaite, conformiste jusqu’à la caricature, infantilisante, prétentieuse. J’aimerais que les spectateurs puissent visionner plus de longs métrages de l’envergure artistique et intellectuelle du film d’Andreï Khrjanovski (80 ans au compteur), pour réaliser à quel point nos productions animées sont peu téméraires dans leur forme et dans leur fond. Le Nez combine virtuosité graphique, beauté plastique, procédé narratif audacieux, mises en abîme vertigineuses, intégrité morale, engagement politique, pari sur l’intelligence de son spectateur.
Le long métrage de Rémi Chayé, que les festivaliers tenus à distance n’ont pu visionner que très partiellement pour ne pas pénaliser sa distribution à l’automne, a obtenu le « Cristal du long métrage », laissant au film de Khrjanovski le « Prix du Jury » et à celui – excellent – de Mariusz Wilczynski, Kill It and Leave This Town, une « Mention du jury » en chocolat.
S’il ne fait aucun doute que Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary mérite son prix (j’y reviendrai dans un article à venir sur la compétition de longs métrages), son surclassement devant deux films aussi ambitieux et artistiquement aboutis pose questions.
* Il s’agit de ma traduction et non du titre français officiel car les espoirs sont minces qu’un tel film soit un jour exploité en France.
Une traduction plus ou moins officielle propose « Le complot des différents ». Je la trouve inutilement édulcorée. Au terme « anti-conformiste » que l’on privilégie habituellement pour traduire « maverick » lequel place les personnes ainsi qualifiées « à la marge » d’un courant consensuel, « non-conformiste », me semble plus juste. Les artistes et intellectuels auxquels Khrjanovski rend ici hommage ne sont pas des séditieux fauteurs de trouble mais des citoyens niant le conformiste imposé, voie royale vers la docilité.
** J’entends par “coup de cœur” un film qui, dès le premier visionnage, voire dès ses premiers plans, m’apparaît immédiatement novateur, audacieux, créateur de perspectives nouvelles, en terme d’esthétique, de narration, de sensibilité artistique.
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