Long métrage de Hayao Miyazaki
Distribution/édition : Buena Vista Home Entertainment
Durée : 121 mn
Pour son ultime long métrage, le réalisateur japonais a élevé le niveau suffisamment haut pour distancer durablement les prétendants éventuels suffisamment téméraires pour espérer rivaliser avec cette réalisation en tous points parfaite. Souffle romanesque à son comble, scénario raisonné et néanmoins audacieux, mise en scène magistrale, animation manufacturée stupéfiante. Un pur chef d’œuvre.
Cependant, à force de lever les yeux vers le ciel, Hayao Miyazaki n’a peut-être pas constaté, ou voulu entendre, que la survie de l’art des dessins animés dépend désormais de sa capacité de résistance aux standards consensuels (narratifs, esthétiques, économiques). Une hypothèse étayée par ses prises de position moqueuses, voire désintéressées*, à l’égard de son aîné, mentor et ancien compagnon de route, Isao Takahata, lequel ouvre pourtant,depuis une bonne quinzaine d’années, laborieusement mais sûrement, une nouvelle voie royale.
Avec toute l’admiration et le respect sincère que j’éprouve pour Hayao Miyazaki – que j’ai d’ailleurs eu l’occasion de lui signifier frontalement – je n’en pas moins suis convaincu aujourd’hui que Le vent se lève marque magnifiquement l’apogée de la fin d’une ère, alors que Le conte de la princesse Kaguya (et Mes voisins les Yamada avant lui) en inaugure une nouvelle (« nouvelle vague » disent certains à Ghibli), plus enthousiasmante encore, au cours de laquelle l’art des dessins animés ayant repris contact avec ses racines multiséculaires atteint et revendique enfin son statut d’art majeur.
Exagéré ? Sur-interprété ? On en reparle dans dix ans.
* Voir pour s’en convaincre (lorsque sa version française ou anglaise sera diffusée) le documentaire Yume to Kyōki no Ōkoku (The Kingdom of Dreams & Madness) de Mami Sunada.