Un film de Robert O. Blechman et Christian Blackwood
d’après Igor Stravinsky
Titre original : The soldier’s tale
Année : 1984
Origine(s) : États-Unis
Re-sortie en salles le 9 avril 2025
Où se décline une énième (l’enseignement, c’est la répétition !) vision du pacte faustien.
Réaction à chaud :
Exhumée des cartons poussiéreux de la production nord-américaine de moyens métrages d’animation indépendants (c’est-à-dire affranchie des tables de la loi disneyiennes et osant s’aventurer sur des terrains anticonformistes à destination des publics cultivés), L’histoire du soldat déboule sans tambours ni trompettes sur les écrans français, 40 ans après sa participation au Festival d’Annecy. Une sortie discrète qui détone dans le paysage cinématographique animé contemporain – globalement criard, survolté, dégagé de toute considération politique – qui ne devra son salut qu’aux téméraires exploitant.e.s de salles qui décideront de programmer cette relique d’une époque bien révolue.
Aussi, si le référencement dans ce blog peut contribuer un tant soit peu à la redécouverte de cette « anomalie » vintage, je n’aurais pas complètement perdu mon temps en vantant ici son hybridité, combinant images d’archives et dessins animés sans ordinateur, styles d’animation et esthétiques graphiques variés ; en saluant sa mise en scène créative et débridée (le héros ne s’appelle pas Vertov pour rien !), imposée certes par son extrême économie de moyens mais en parfaite cohérence avec l’élégante simplicité du dessin de l’illustrateur-publiciste R.O. Blechman ; en célébrant son rythme narratif parfaitement adapté à la partition avant-gardiste de Stravinsky, auxquels quelques voix célèbres venues d’outre-tombe (Henri Salvador, Serge Gainsbourg, François Périer) confèrent un caractère plus supportable au jeune spectateur d’aujourd’hui.