Libérées, délivrées ?

 

« Rapports de pouvoir animés »
Mélanie Lallet
INA Éditions – 2020
300 pages
ISBN : 978-2-86938-261-9

 

2021, par la force des choses, on progresse*… Semble-t-il.
Après son court ouvrage remarqué « Il était une fois… le genre – Le féminin dans les séries animées françaises » (2014), Mélanie Lallet, sociologue des médias, dévoile un pan plus développé de ses travaux dédiés aux représentations de genre dans les productions audiovisuelles hexagonales pour les petits nenfants. L’initiative est salutaire dans la mesure où elle est relativement isolée, voire unique.
En effet, le sujet intéressait jusqu’ici assez peu les milieux éducatifs, les médias de masse et, plus inquiétant, les publics concernés.
Que celles et ceux parmi vous qui prennent le temps de regarder avec attention les programmes que consomment leur progéniture lèvent le doigt ! Vous voyez, ce n’est pas glorieux.

 

 

Présentation de l’éditeur (4e de couv’) :

“ L’auteure présente une analyse sociohistorique des identités de genre dans les séries animées françaises. En majorité ces programmes ont relayé une construction différentialiste du genre, où le féminin est subalterne et assigné à des fonctions d’assistance et de soin..
Néanmoins, en accompagnant les transformations de notre société, certaines séries – et pas seulement les plus récentes- ont pu remettre en cause les normes de genre et les oppositions classiques.
Sont ainsi décodés 56 dessins animés diffusés à la télévision depuis les années 195O, des premières aventures de Tintin en semi-animation, en passant par Bonne nuit les petits, Les Mystérieuses Cités d’or, les célèbres séries « Il était une fois… » (l’Homme, les Découvreurs, les Explorateurs, etc.), jusqu’aux productions plus contemporaines comme les séries« T’Choupi ». À mesure que l’on avance dans le temps, on rencontre des personnages partiellement affranchis des catégories de genre binaires (Candy, dans Les Zinzins de l’espace), qui assument un positionnement féministe (dans Il était une fois… notre Terre), et de plus en plus d’héroïnes fortes (par exemple dans Totally Spies !, ou la tranche « Girl Power » de la chaîne Gulli).
L’ouvrage montre montre enfin à partir d’une enquête dans les milieux de l’animation, que la question du genre est devenu un sujet de discussion incontournable dans les milieux professionnels, aussi bien en France qu’à l’international.  »

 


 

Table des matières

Préface de Didier Brunner
Introduction

PARTIE 1 – Penser les médiacultures enfantines : l’animation au prisme du genre

1. Enfances et médias : les paradigmes de l’enfance
La « mort de l’enfance » versus « la libération de l’enfant »
Sociologies de l’enfance

2. Genre, enfance et culture
La critique des contenus sexistes
Au-delà du genre : deconstructing animation

PARTIE 2 – Sociohistoire du féminin dans les dessins animés français

3. Constituer et appréhender un corpus audiovisuel étendu
Approche sociohistorique des représentations genrées à la télévision
56 séries animées françaises des années 1950 à nos jours
L’analyse statistique des assignations de genre

4. 1957-1974 : l’ère de l’ORTF et du tout masculin
Expérimentations en tous genres
Un monde sans femmes
Demoiselles en détresse
L’apprentissage de la maternité

5. 1975-1989 : la fin de « l’artisanat » et le syndrome de la Schtroumpfette
Quand le genre déforme la réalité historique et scientifique
Le croisement des marges : genre, race, âge et classe
Vers une contestation de la masculinité hégémonique
Les premiers signes d’une diversification des modèles féminins

6. 1990-2001 : l’essor de la production nationale entre conformisme et renouveau
Retour vers le passé : on pend les mêmes et on recommence
Un portrait peu flatteur d’une société élective et des nouveaux modèles parentaux
D’une sexualité reproductive hétérosexuelle à l’apparition discrète d’autres orientations intimes : can’t talk about sex?
Les premiers signes d’une diversification des modèles féminins

7. 2002-2014 : la multidiffusion et l’émergence du « girl power »
L’arrivée des (super) héroïnes et d’identités féminines plus complexes
La fin des préjugés ?
Je t’aime … moi non plus : une plus grande symétrie des rôles amoureux
Les incorrigibles petits monstres de l’animation préscolaire

 

PARTIE 3 – L’enquête ethnographique auprès des professionnel.le.s

8. Les rapports de genre dans l’animation audiovisuelle française
Les contraintes de fabrication audiovisuelle et la fragmentation du pouvoir éditorial
Les Femmes s’Animent au service de la place des femmes dans l’animation
« Ça dépend sur qui tu tombes » : le poids de l’expérience personnelle
Quelques stratégies féministes de l’écriture à l’animation

 

Conclusion
Liste des épisodes du corpus audiovisuel
Bibliographie

 

* Illustration d’en-tête : « Regal Academy, l’académie royale » sur Guili
« On progresse« , c’est vite dit…

 

 

 

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