Ah oui alors ! La débauche technologique mise en œuvre par Laika Entertainment LLC dans le cadre de la production de Kubo and the Two Strings est très très impressionnante !
Propriété du co-fondateur de Nike, Philip H. Knight, Laika a été bâtie sur les fondations des studios de Will Vinton (grand maître nord-américain de l’animation de pâte-à-modeler).
La société est actuellement dirigée par Travis Knight, fils de son père et réalisateur de ce quatrième long métrage produit en interne.
Clairement positionné dans la catégorie des blockbusters, Kubo débarquera sous peu dans les salles. Il est précédé, comme l’impose le cahier des charges du rouleau compresseur commercial qui se respecte, par une campagne de communication offensive, laquelle l’annonce sans ambages : « on a dépensé sans compter ; on va tous vous niker ! »
S’il fallait vous en convaincre, visionnez donc les différentes séquences de tournage parsemées sur le web depuis quelques semaines. Celles-ci arborent fièrement toute l’humilité qui caractérise l’animation étasunienne industrielle : décors et marionnettes démesurés (complexification insensées des conditions de tournage), acting surjoué (overdose de phases de mouvement), hyper-compositing (millefeuille indigeste de couches de crème numérique), recours systématisé aux impressions 3D (robotisation de « l’artisanat stop-mo »), sans oublier la touche « bling-bling » (casting-voix de superstars) sans lesquelles toute promotion médiatique de masse est compromise.
Coûts de production : 60 millions de dollars en fourchette basse pour des gains attendus potentiellement du double. Tout est dit.
Voilà donc la stop-motion définitivement tombée dans l’escarcelle de l’impérialisme culturel le plus grossier.
Après tout, les consommateurs lobotomisés du « Monde libre » raffolent de ce genre de mal-bouffe audiovisuelle, pourvu qu’elle soit enrobée de motifs modérément macabres, qu’elle arrive à point nommé au moment d’Halloween et que l’on puisse la resservir encore tiède à Noël.
Hein, pourquoi se priver ?
Kubo et l’armure magique, à voir ou pas, à partir du 16 octobre 2016 en France.
> visionner une longue séquence de making of
> visionner un court time laps de making of
Hasard de l’actualité du web, un gars bien intentionné diffuse en ce moment même un petit medley d’extraits d’œuvres incontournables de l’Histoire du cinéma d’animation de volumes, censé illustrer l’évolution de cette technique. J’aurais aimé que les impardonnables lacunes (Pal, Trnka, Pojar, Svankmajer, Barta, Mochinaga, Kawamoto, Quay, Purves, Bardine, etc.) de ce montage invalident les positions exprimées ci-dessus.
* pour reprendre les mots fameux de Satoshi Kon en 2003
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