Une nouvelle étape importante vient d’être franchie entre l’art de l’animation et la technologie d’impression 3D. Celle-ci, dont les signes avant-coureurs se manifestent ostensiblement dans la moindre des foires d’art contemporain, préfigure l’imminente propagation au domaine « grand public » d’œuvres réalisées selon le même procédé, celui du zoetrope, en l’occurrence.
De plus en plus complexe et détaillée – le potentiel de l’impression en volume assistée par la modélisation en images de synthèse semble infini – de plus en plus harmonisée avec le lieu qui l’accueille, l’installation et son dispositif lumineux stroboscopique est déjà l’attraction la plus spectaculaire des parcs à thème et des musées en mal de désacralisation et d’ouverture à des audiences plus larges. Ce qui est tout sauf un hasard.
Le zoetrope intitulé non sans cynisme « All things fall », conçu par le motion designer anglais Sebastian Burdon, sur un concept du photographe Mat Collishaw, propose une relecture de la composition baroque de Paul Rubens (les cerises et les chérubins en moins) qui possède la grande qualité de gommer le maniérisme vomitif du « Massacre des innocents » original en sublimant l’extrême violence de l’épisode biblique que la tableau du maître échouait à traduire.
De la sorte, le mouvement perpétuel des scènes infernales superposées, tantôt sous les feux de l’éclairage médiatique, tantôt dans l’ombre du voile pudique de la diplomatie internationale, crée une résonance terrible avec l’éternel recommencement de la tragédie apocalyptique des peuples opprimés par l’instrumentalisation obscurantiste des croyances.
Sans jeu de mot, cette œuvre politique est tout simplement brillante.
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