Les chiffres sont tombés ce matin : l’adaptation du chef d’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry « Le petit prince » réalisé par Mark Osborne et produit par Aton Soumache, Dimitri Rassam et Alexis Vonarb, bat des records de fréquentation notamment à l’étranger* !
La recette était immanquable et de surcroît boostée par un budget colossal (plus de 57 millions d’euros) dont une bonne partie allouée à la promotion, à renfort de matraquage publicitaire, de doudous dérivés, de casting de stars consensuelles et de complaisance des médias de masse (on réécoutera pour s’en convaincre l’émission Boomerang du 14 mai 2015). Une recette d’autant plus efficace qu’elle suit à la lettre le modèle économique bien rodé de la production de blockbusters hollywoodiens, lequel ne considère « l’auteur » que comme une ligne budgétaire, ligne à 6 unités grassement surlignée à l’attention des ayant-droits un peu myopes. Une formule qui mise sur l’effet d’entraînement grâce à un formatage savamment millimétré que les exploitants de salles accueillent en se frottant les mains. Bref, tout va donc pour le mieux et tant pis si le fond, la substance, le scénario – la forme osent dire certains – sonnent aussi creux qu’une chanson de Camille.
Hier, mercredi 2 décembre 2015, sortait l’adaptation du chef d’œuvre de Khalil Gibran, « Le prophète », réalisé par Roger Allers épaulé par une pelletée de cinéastes indépendants débauchés pour l’occasion et produit par Jérôme Seydoux, Clark Peterson, José Tamez, Ron Senkowski et Salma-François-Henri Hayek-Pinault. « Excellent démarrage », d’après des sources proches du dossier, pour une formule imparable et pistonnée par un budget conséquent (certainement bien plus que les 12 millions annoncés parfois) dont une bonne partie allouée à la promotion à renfort de matraquage publicitaire, de gesticulations mondaines, de casting de stars consensuelles et de complaisance des médias de masse (on réécoutera pour s’en convaincre l’émission Boomerang du 30 novembre 2015). Une recette d’autant plus efficace qu’elle suit à la lettre le modèle économique bien rodé de la production de blockbusters hollywoodiens, lequel ne considère « l’auteur » que comme une ligne budgétaire, ligne à plus de 6 unités grassement surlignée à l’attention des ayant-droits un peu myopes. Une formule qui mise sur l’effet moutonnier grâce à un formatage savamment millimétré que les exploitants de salles accueillent en se frottant les mains. Bref, tout va donc pour le mieux et tant pis si le fond, la substance, le scénario – la forme osent dire certains – sonnent aussi creux qu’une réponse de Salma Hayek en conférence de presse.
Depuis un mois et demi, plusieurs longs métrages d’animation français se sont succédés sur les écrans hexagonaux affichant des résultats de fréquentation particulièrement préoccupants. Des récits plus préoccupants sans doute par leur insipidité que par leur incapacité à mobiliser les foules de gamins dont on oublie trop vite qu’ils sont accompagnés par des adultes plus ou moins cinéphiles qui préfèrent se divertir à bon compte que de s’ennuyer ferme devant un « aventure poétique et tendre » écrite et produite avec les pieds (je ne citerai pas de nom). Une recette d’autant plus inefficace qu’elle tente maladroitement de contourner le modèle économique dominant, en considérant « l’auteur » autrement que comme une ligne budgétaire à 6 unités. Une formule qui mise sur on-ne-sait-quoi grâce à un formatage savamment déguisé que les exploitants de salle accueillent avec opportunisme en vue des traditionnelles multiprogrammations de Noël.
Bref, de là à en conclure qu’un mauvais film est plus rentable quand il est sur-produit ** …
Voyez à quel point je peux être de mauvaise foi !
* environs 600 millions de recettes dans le monde
** il existe cependant des cas où la recette fait un flop lamentable : Pourquoi j’ai pas mangé mon père ? réalisé par Jamel Debouze et produit par Pathé et M6 pour un montant oscillant selon les sources entre 32 et 50 millions d’euros, n’a rapporté que 12 millions d’euros.
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