Sing a bit of harmony

Un film de Yasuhiro YOSHIURA
Titre original/traduction littérale : アイの歌声を聴かせて (Laisse-moi entendre la voix chantée de l’IA)
Année : 2023
Origine(s) : Japon

Où je ferais la princesse pour toi si tu veux.

Réaction à chaud

A bien des égards, nous sommes ici en terrain très familier : des lycéen.ne.s en crise existentielle, en quête d’amitié et d’amour, une facture générale de très haut niveau (animation, décors, intégration d’images de synthèses et effets visuels numériques parfaitement au service du propos), ancrage dans une réalité post-moderne, représentation légèrement futuriste presque désirable et étonnamment visionnaire, au moment où je découvre ce film, au début de l’année 2024, soit deux ans après arrivée en fanfare des outils d’IA générative dans la consommation courante et trois ans après la sortie du long métrage.
On ne le dira jamais assez, le registre de l’animation japonaise est depuis longtemps l’espace où se préfigurent les futurs paysages hybrides de la seconde moitié du 21e siècle, avec une acuité de plus en plus fine. Vues sous cette angle, les romances à l’eau de rose comme Sing A Bit Of Harmony, mériteraient d’être critiquées (s’il existait en France une véritable critique du cinéma d’animation japonais) autrement que comme de simples divertissements pour ados et adultes attardés. Finement, sans techno-croyance béate, sans moralisme, ni condescendance, ce superbe film interroge nos désirs superficiels, façonnés par la pop culture consumériste (les princesse Disney, en l’occurrence ici), l’évolution de nos relations à l’autre, interfacées avec des machines humainement imparfaites et cependant capables de nous élever bien au-dessus de notre condition d’animaux mortels.