Un film de Jean-François Laguionie
Titre original : idem
Année de sortie : 2025
Origine(s) : France, Luxembourg
Sortie en salles le 29 janvier 2025
Où l’on dessine, construit et fantasme un chemin infini, dans son jardin.
Réaction à chaud
Ce récit autobiographique porte à la fois un regard nostalgique, celui d’un éternel adolescent, sur une lubie familiale de voyages immobiles et constitue la synthèse éclatante du cinéma de dessins animés – nonchalant, rêveur et à contre-courant – tel que le pratique le cinéaste français depuis ses premiers courts métrages, à quelques exceptions près.
L’esthétique même de ce film, où les tracés esquissés et les aplats aquarellés parviennent à faire oublier la rigidité parfois un peu pataude des personnages modélisés en images de synthèse, célèbre magistralement l’art du dessin, précis ou sauvage, amateur ou professionnel, inégalable canaliseur de l’imagination.
Le scénario est habile, expurgé de toutes les esbroufes habituelles censées contenter les jeunes publics (gags, scènes d’actions, rebondissements spectaculaire, climax émotionnels exagérés, …), jalonné de non-dits salutaires, possiblement affranchi des obligations conformistes de la production de longs métrages animés condamnée à séduire les enfants, et leurs parents au préalable, pour être rentabilisée.
Ce film adulte qui parle directement aux adultes transpire la liberté, vécue et fantasmée.
« … Et mes parents avaient créé, en même temps qu’ils fabriquaient ce bateau, qui ne devait pas naviguer, ni même se terminer, un réseau d’autres navigateurs imaginaires, ils avaient créé une association qui s’appelait « Association des constructeurs amateurs de bateau ». Ma mère s’occupait du courrier. C’était encore l’poque des colonies, et beaucoup de colons construisaient des bateaux en Afrique ou en Indochine. Ils demandaient des tuyaux sur tel ou tel assemblage, tel ou tel plan. Et elle les mettait en rapport avec Henri Dervin, un architecte naval très célèbre chez les marins, qui résidait pas loin de chez nous. Donc ils étaient branchés, mais sur quelque chose qui n’était pas réaliste. Comme les bateaux qui se construisaient sur les bords de Marne. Beaucoup n’ont pas vu la mer. Nous étions dans les années 1950, les années d’après-guerre, où tout le monde avait un rêve de liberté exacerbée : c’était le camping, l’escalade des montage ou l’océan. Il fallait oublier la guerre. »
Extrait de « eRéel/imaginaire, une ballade biographique », entretien dirigé par Pascal Vimenet en septembre 20215, publié dans le livre-DVD Jean-François Laguioni Le rêveur éveillé.
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