Sous-médiatisation du cinéma d’animation : le réveil ?

 

Les captations des différentes prises de paroles entendues durant les récentes Assises du cinéma d’animation (1er octobre 2025) sont en ligne.
L’une d’entre elles, « Quelle image pour le cinéma d’animation auprès du grand public ?« , m’a un peu plus intéressé que les autres (lire mon billet du 28 septembre) dans la mesure où elle s’emparait enfin ouvertement du sujet fondamental de la sous-médiatisation du cinéma d’animation en France.
« Enfin » car, pour ce qui me concerne, je l’ai soulevé pour la première fois devant public au Forum des Images en 2001 à l’occasion d’une table ronde consacrée à la perception de l’animation japonaise dans les médias (j’écrivais alors pour le magazine Animeland dans lequel je l’avais évoquée dès 1998) et je l’ai régulièrement remis sur le tapis, lors d’interventions publiques ou dans ce blog, par exemple en 2016 ici ou ici ou encore, en février dernier, . Et j’avoue que je me sentais jusqu’ici un peu seul.

Comme cela a été rappelé dans la discussion croisée – reléguée à la toute fin de ces Assises, soit dit en passant – cette sous-médiatisation (le terme n’est jamais prononcé aussi franchement et c’est bien dommage) s’atténue lentement, très très lentement, trop lentement. Pour vous en convaincre, vous écouterez notamment la journaliste Perrine Quenesson (vers la 20e ou la 40e minute) se débattre comme elle peut pour tenter de justifier l’ignorance, l’inculture et le désintérêt général patents de sa « corporation » en matière de création animée.
J’ai toujours le sentiment que l’on continue d’aborder le problème par le mauvais bout. Prenons l’exemple cité pendant cette intervention de la couverture consacrée en juin dernier par Télérama (burp ! Pardon. Remontées gastriques soudain) au long métrage Amélie ou la métaphysique des tubes. Une image pimpante, acidulée et mollement intrigante, rehaussée de la mention « Une merveille animée ». Bien sûr, il est utile à la promotion du cinéma d’animation en tant qu’art qu’un magazine généraliste et prescripteur célèbre par ce biais un premier film français animé. Mais s’il le fait sous le même angle opportuniste du divertissement multicolore, distraction qui plus est basée sur l’univers de la machine à best sellers de gare, Amélie Nothomb, le « risque courageux » que constituerait cette couverture exceptionnelle s’avère donc atténué par de bonnes grosses bouées protectrices.
Là où se situe peut-être l’avancée, s’il y en avait vraiment une, ce serait dans le renoncement à l’adjectif qualificatif « petit·e », indissociable de tout·e « pépite », « bijou », « miracle » ou « merveille » du champ lexical limité de tout média fainéant qui se respecte lorsqu’il s’agit, pour accrocher le « chaland », de synthétiser une œuvre sur laquelle on ne sait trop quoi écrire, si ce n’est qu’elle est pleine de poésie et de tendresse.

Allez, reparlons-en une prochaine fois. On n’est plus à une décennie près.
D’autant que les médias culturels vont mal et qu’ils ont d’autres priorités à traiter que les petits mickeys pour petits nenfants sages.

 

 

Illustration d’en-tête : Béatrice Terra, « Le café de la gare »

 

 

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