Une illustration hyper-détaillée en 2 mn

guillaume_cornet

 

 

L’illustrateur français Mr Guil, alias Guillaume Cornet, vit et travaille à Londres. Sa production est caractérisée par des représentations urbaines fantaisistes grouillantes de créatures improbables, dans la veine des compositions ludo-foisonnantes de type « Where’s Waldo? ».
Parfois, aux détours d’un immeuble bancal, un tram’ s’anime.
Pour le compte du webzine « bobo-arty » Society6, il a réalisé une captation en time-laps – une image d’une même action à intervalle régulier de sa création – de la réalisation de l’une de ses planches, de l’ébauche à la colorisation. Soit 75 heures compressées en deux minutes pour faire le buzz. Effet garanti.

Une fois que l’on s’est émerveillé de la démonstration, demeure le sentiment mitigé d’une démarche plus contreproductive que culturellement enrichissante, voire incitative.
Je m’explique, Exceptés les spectateurs/internautes avisés, c’est-à-dire pratiquant eux-mêmes le dessin autrement que comme un loisir, le commun des mortels observe finalement qu’un dessin, quelque que soit sa taille et son degré de sophistication, reste un hobby « somme toute pas si compliqué que ça à y regarder de près ». A la lecture de ce raccourcis, je penserais moi-même que j’exagère si je ne constatais pas régulièrement (et ceux depuis 15 ans d’exercice dans ce domaine), dans les demandes de certains de mes commanditaires, qu’ils n’en pensent pas moins. Présumant faussement-naïvement qu’un illustrateur ne compte pas ses heures parce qu’il s’amuse en travaillant, celui-ci n’aurait donc pas à facturer des montants équivalents au temps d’exécution et à la valeur ajoutée de ses prestations.
C’est tellement vrai, que les néo-arrivants sur le marché (et ce phénomène désormais commun a largement contaminé tous les champs de la création) trouvent désormais normal de sous-facturer leurs prestations dans des proportions qui seraient risibles si elles n’étaient pas si pathétiques.

Tout remarquable que soit l’art de Guillaume Cornet, je crains donc que sa valorisation expresse, formatée aux modes contemporains d’accès à la culture « fast-food » (vite obtenue, vite ingérée, vite digérée), ne le desserve à moyen et long terme, lui et tous ceux qui l’exercent, plus que l’inverse.
Jadis, il y a fort fort longtemps de cela, certaines chaînes de télévision, montraient l’acte de dessiner dans toute son envergure (hésitations, repentirs, progression patiente, finalisation laborieuse), sur 15 à 20 minutes, et cela suffisait amplement à susciter l’admiration béâte tout en considérant à son juste niveau le temps et l’énergie de la création. On y reviendra nécessairement un jour, mais pour l’instant, l’ampleur des dégâts sur le terrain semble toujours désespérément sous-estimée.

 

> le site web de Mr Guil
> relire aussi les jolis dessins pédagogiques de Tanxxx

 

anima

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