On lira avec une certaine délectation les termes malicieusement choisis par la juge des référés, Mme Weidenfeld, figurant dans son ordonnance du 14 décembre 2016.
Dans le cadre de la procédure en référé, lancée devant le Tribunal administratif de Paris par les associations “Promouvoir”, “Action pour la dignité humaine” et “Juristes pour l’enfance” à l’encontre du long métrage d’animation nord-américain Sausage Party, la magistrate a rejeté les requêtes d’interdiction du film au moins de 16 et 18 ans et les motifs invoqués pour justifier cette censure.
Rappelons que le Ministère de la culture avait préalablement interdit Sausage Party aux moins de 12 ans lors de sa sortie.
Parmi les saillies remarquables de cette ordonnance, on relèvera particulièrement celle-ci : “[…] l’aspiration par une poire à lavement du contenu d’une brique de jus de fruit ne peut être interprétée comme évoquant une agression à caractère sexuel que par des spectateurs en capacité de se distancier par rapport à ce qui leur est donné à voir, […]
“Des spectateurs en capacité de se distancier par rapport à ce qui leur est donné à voir“, le problème est nommé !
Et il suffit de jeter un œil intéressé sur ce qui se passe sur le terrain pour comprendre aisément que plus les moyens alloués à l’éducation à la culture, à l’éducation à l’image, sont sans cesse rognés, quand ils devraient au contraire être en constante augmentation et définitivement sanctuarisés, plus l’incapacité d’un nombre croissant de spectateurs, adolescents et adultes, à se distancier par rapport à ce qui leur est donné à voir, pèse mécaniquement dans les maux de nos sociétés submergées d’images condamnées à marquer les esprits pour exister médiatiquement.
Ce constat est ainsi désormais inscrit dans la juridiction française, et avec humour qui plus est.
Allelujah !
> Lire l’ordonnance (pages 6, 7 et 8 notamment) du T.A de Paris du 14/12/2016
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