Plan extrait du film : Mononoke hime
Réalisé par : Hayao Miyazaki
Japon / 1997
La séquence où Hayao Miyazaki se permet le culot de figurer le « faiseur de montagnes » laisse entrevoir, plus clairement que dans ses films précédents, une sérieuse inclination pour une forme d’animisme primitif, dont le shinto serait le prolongement modernisé.
Un zoom-avant en deux temps impose une vision subjective, par les yeux du héros de Princesse Mononoke, le prince Ashitaka, cheminant pour la première fois dans la forêt primaire où le dieu-cerf à visage humain trouve refuge quotidiennement une fois le soleil levé.
Adoptant le regard du preux guerrier, nous faisons progressivement la mise au point sur la procession lointaine d’un troupeau de cervidés parmi lesquels apparaît un intrus aux bois insolites. Nimbée d’une lumière incandescente, la silhouette de l’animal étrange s’immobilise indiquant qu’il a intercepté le regard de son spectateur intrus. Cette première apparition divine, distante et imprécise, attise la curiosité autant qu’elle ménage la surprise à venir de son premier contact physique – inéluctable – avec le même Ashitaka à l’article de la mort.
Exemple typique de la mise en scène miyazakienne qui vise à rendre crédible le surnaturel par des effets de réalisme purement cinématographiques (travelling avant, champ/contrechamp, éclairages contradictoires), ce plan, parmi les plus beaux inventés par le cinéaste japonais, est emblématique d’un anticonformisme vis-à-vis des conventions du long métrage d’animation « grand public » imposant la primauté du sensationnalisme sur les non-dits et la poésie.
Une image-ricochet
Burned over (2012), photographie d’Amelia Bauer
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