Vivement le futur !

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Très bientôt, l’animation de dessins animés se fera toute seule.
Plus besoin de papier, plus besoin de crayon, plus besoin de dessinateur.
J’en connais chez les producteurs de séries télévisées-au-processus-de-fabrication-orthonormé qui se frottent les mains à l’idée de ne même plus avoir à sous-traiter leurs “basses besognes” en Corée du Nord, en Birmanie ou ailleurs. Il ne restera plus qu’à pondre au kilomètre des storyboards écrits avec les pieds, d’appuyer sur deux ou trois boutons, et hop “dans les tuyaux” (comme disait l’autre). Dans les directions des programmes jeunesse du PAF, on sabre déjà le champagne en songeant aux orgasmes en perspective dans les séances de pitching des Cartoon Forums !

En ce jour béni, l’antenne hongkongaise d’une petite firme nord-américaine vient de faire la nique – provisoire – à ses concurrentes (d’autres start-up nord-américaines spécialistes de l’optimisation fiscalement paradisiaque) en dévoilant l’avancée de ses recherches en matière d’autocompletion, autrement dit de dessin automatisé anticipant une gestuelle répétitive, principe équivalent de la saisie automatique de messagerie instantanée. Et le moins que l’on puisse conclure de sa démonstration, c’est qu’on a vraiment hâte de bénéficier de cette révolution productiviste qui va enfin faire passer la corporation de bisounours qu’est l’animation dans l’ère de la compétitivité guerrière ! Il était grand temps, nom de Dieu !

Ah, qu’il est toujours aussi excitant de constater, à mesure que l’on se rapproche inexorablement du monde prophétisé par les maîtres de la littérature de science-fiction (Wells, Orwell, Asimov, Huxley, Gibson, et consorts), à quel point l’homo sapiens modernicus peut être con quand il s’en donne la peine, hypnotisé par l’illusion du progrès et par l’appât du gain facile.
Car ce que renient sans scrupule les blaireaux qui investissent dans ce type d’inventions, néanmoins techniquement géniales, c’est le plaisir que peut procurer l’acte du dessin répété, soigneux, méticuleux, laborieux. Le plaisir qui, lorsqu’il transpire d’un dessin immobile ou en mouvement, suffit à galvaniser des générations d’artistes.
Cette sensation primale tellement surfaite qu’est le plaisir, où est-elle dans cette pseudo-innovation ?

> visionner la démo, acheter en ligne le logiciel et rayer d’un trait toutes ces feignasses d’animateurs de son business model
NB : On appréciera au passage la traduction robotisée du commentaire de cette vidéo, décidément parfaite dans le fond comme dans la forme.

> la brosse virtuelle est pas mal non plus

 

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