anima est fermement enraciné en Basse-Normandie, où le cinéma d’animation n’a jamais franchement été représenté, sinon par quelques initiatives relativement confidentielles, dispersées, égocentrées et peu enclines au prosélytisme sur un territoire pourtant riche d’une sérieuse filière cinématographique.
Lorsque les activités associatives d’anima ont débuté à devenir publiques dans la seconde moitié des années 90 du siècle précédent, période durant laquelle les festivals, les écoles spécialisées, les salles « art et essai », les bibliothèques, la presse et les dispositifs d’éducation à l’image commençaient seulement à considérer plus sérieusement le cinéma d’animation, j’ai cru naïvement qu’une saine concurrence locale se développerait à mesure que je prenais conscience de l’ampleur de la tâche, autant que des potentiels, culturel et économique, que ce registre de création pouvait apporter à une région.
A l’aube de la réunion des deux « Normandies », force est de constater que cette future grande région, tenaillée entre le territoire parisien élargie et la Grande Bretagne reste désespérément désertée par les professionnels de l’animation.
N’ayant pas la prétention d’apporter une réponse aux dysfonctionnements qui expliquent cet état des lieux, j’ai essayé modestement d’expérimenter des solutions concrètes : modération de forums hebdomadaires participatifs, organisation d’un festival articulé autour d’un cursus de masterclasses, mutualisation des outils culturels locaux et synergies diverses.
Jusqu’à une période très récente, je considérais que toutes ces expériences tous azimuts avaient été vaines, jusqu’à ce qu’une bonne partie des graines semées au petit bonheur la chance se mettent à germer simultanément (avec l’aide providentielle de je ne sais quel Totoro, qui sait ?) me montrant que je m’étais focalisé sur l’absence de « résultats » visibles en surface, sans me soucier de ce qui se tramait au niveau des racines, oubliant au passage les préceptes pourtant clairs que m’avait enseigné Frédéric Back. La culture de l’animation dans une région désertique en la matière s’apparentait donc à celle d’un potager sur un sol aride.
Ainsi, lorsqu’
j’observe les plants qui s’épanouissent autour inspirée par les principes de l’agriculture sauvage de Masanobu Fukuoka, je reconnais bien volontiers que malgré leur pérennité encore incertaine, la fertilité de la terre qui les nourrit me rend chaque jour plus optimiste que la veille.Il fallait ce temps, de presque deux décennies, pour en arriver là.
[à suivre]
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