3 000 lieues en quête de Maman – Épisode 2

 

Épisode 2 : “Marco, un petit garçon de Gênes

Un an après le départ d’Anna Rossi, la vie s’écoule paisiblement à Gênes. Marco est studieux à l’école et s’acquitte des tâches domestiques quotidiennes avec entrain. Il semble comme un poisson dans l’eau dans son environnement populaire et urbain. Régulièrement, il passe au bureau des livraisons navales, où travaille sa tante, dans l’espoir de nouvelles de sa maman. Aujourd’hui, une lettre d’Argentine est arrivée.
Le frère aîné de Marco, Tonio, poursuit un apprentissage à l’école des chemins de fer. Il est exceptionnellement de retour et c’est l’occasion d’organiser un petit festin.

 

Marco.Ep02_planche01Marco.Ep02_planche02

Cet épisode casse l’ambiance mélodramatique installée après la fin déchirante du premier épisode, terminé par le départ d’Anna Rossi.
Il est surtout le prétexte à une description “réaliste” de l’environnement où évolue le personnage principal depuis sa naissance.
A la fin du XIXe siècle, Gênes (Genova) est un centre industriel important d’où partent régulièrement des bateaux d’émigrants italiens vers l’Amérique du sud. En Argentine, ce sont précisément les immigrés italiens qui vont fonder La Boca, future Buenos Aires.
Le drapeau génois flotte un peu partout dans la ville, à côté de celui du jeune Royaume d’Italie.
L’épisode constitue aussi la première étape d’une description graduelle du caractère de Marco, enthousiaste, volontaire, débrouillard, enfant presque autonome parmi les adultes.

 

Analyse de plan

Cet épisode, de mon point de vue exemplaire, est parsemé de plans et de séquences que d’aucuns pourraient estimer inutiles au récit. Il n’en est rien, bien sûr, puisque c’est précisément l’accumulation de ces moments anodins qui participe de la fabrication d’un environnement plausible, ancrée dans une réalité qui aurait possiblement existé, dont la reconstitution frôle la représentation documentaire. Avec un semblant d’objectivité, le cinéaste nous montre les choses telles qu’elles sont, et les gens tels qu’ils vivent au quotidien, avec leurs qualités et leurs travers.
Le spectateur est placé dans une position d’observateur d’un monde en soi, qui existe sans lui, tout en convoquant des repères qui lui sont familiers : dormir, se laver, faire les courses, manger, écrire, étudier, déambuler, courir, jouer de la musique, interagir banalement avec les autres, vivre.

Ce sont des plans comme celui-ci qui ont assurément renforcé mon affection pour les œuvres de Takahata et Miyazaki. Je me souviens parfaitement mes sensations de jeune spectateur, ignorant tout de l’animation japonaise et découvrant à la télévision Heidi préparant ses modestes repas au fromage fondu avec son grand-père.
Aussi, lorsque j’aperçois furtivement Marco se frayer un passage dans une ruelle encombrée avant de poursuivre sa course banale, je suis reconnaissant aux artistes qui l’ont voulu, en dépit de son coût de production pour si peu d’incidence sur le récit, de tant d’humanisme.
Je pense aussi inévitablement à la séquence la plus lumineuse – de mon point de vue – du long métrage de Hayao Miyazaki, Laputa, le château dans le ciel. Bien que poursuivi par des méchants, le jeune Pazu prend le temps d’un détour par la maison familiale, qu’il pourrait quitter définitivement, pour libérer ses pigeons domestiques. Cette séquence ne sert apparemment à rien mais dit tout, en quelques plans, de l’humanité bienveillante du personnage principal du film.

 

Maquette de plan (layout) dessiné par Hayao Miyazaki et plan final
Autre plan de contextualisation du “réalisme” de la série

 

Crédits imagesHaha wo tazunete sanzenri ©Nippon Animation Co Ltd. 1976

 

 

anima

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