Prenez donc connaissance de ce texte de la chercheuse québécoise Renée Bousarra. Publié en 2013, il s’appuyait sur l’exemple d’Avatar de James Cameron, massivement tourné grâce aux procédés de performance capture (enregistrement numérique du jeu d’acteur), pour développer une réflexion passionnante sur la nécessité d’ouvrir un nouveau territoire de recherche « pour une anthropologie de l’effet de présence« .
« Les dispositifs de capture de mouvement, à partir desquels la relation des images de synthèse à la notion d’anima [âme] pourrait faire l’objet d’une réévaluation théorique, au point de contribuer à expliquer la profonde remise en question de la notion même de cinéma d’animation à l’ère du numérique. »
Cette description est extraite d’un autre article, signé Jean-Baptiste Massuet (Université Rennes 2) et intitulé « Les images de synthèse peuvent-elles avoir une âme ? La performance capture ou le « ghost in the shell » de l’animation numérique ». Paru dans le numéro 22 (automne 2013) de la revue numérique québécoise « Intermédialités : histoire et théorie des arts, des lettres et des techniques », cet article cite partiellement le texte de Mme Bousarra.
On reconnaîtra au passage la référence à l’œuvre du mangaka Masamune Shirow dans le titre de ce dernier article, à l’image du chemin parcouru, opportun et réchauffé.
Car si l’adaptation cinématographique animée de Ghost in the shell par Mamoru Oshii, cinéaste d’animation adoubé en 1995 par la critique française comme « auteur » digne d’intérêt, a beaucoup joué dans la prise de conscience générale qu’il y avait là bien plus qu’un signe de maturité d’une forme de cinéma jusque là méprisée (le cinéma d’animation japonais), la série de bandes dessinées date elle de 1989. Et ses lecteurs n’ont pas attendu la fin de sa publication japonaise pour se perdre en conjectures dans la dimension visionnaire de ce récit.
Ceux-là reconnaissant aussi avec enthousiasme, l’influence majeure du courant littéraire « cyberpunk » dont le roman-manifeste, « Neuromancien » de William Gibson publié en 1984, s’inscrivait déjà dans la directe lignée des nouvelles d’anticipation d’Isaac Asimov, lesquelles questionnaient une décennies plus tôt l’âme dans le cerveau robotisé (« L’homme bicentenaire », 1976).
Je pourrais remonter ainsi jusqu’aux mythologies antiques…
Autrement dit, le monde universitaire français, connu internationalement pour son élitisme congénital, s’empare indirectement, par le canal francophone nord-américain, de ces thématiques constitutives de l’humanité globalisée et interconnectée, à la faveur d’un renouvellement générationnel.
Mieux vaut tard que jamais. Certes, mais que de temps perdu.
> « Les images de synthèse peuvent-elles avoir une âme ? »
> lire le texte de Renée Bourassa
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