Ce que l’industrie fait déjà avaler

 

 

« Animalis machina – Cococh Industry » s’annonce d’ores et déjà comme l’exposition immersive la plus réjouissante de ce début d’année sur le sol hexagonal, en l’occurrence au Tripostal de Lille, du 22 janvier au 2 mars 2025.
Ne pouvant exprimer un avis a priori sur le contenu de cette initiative qui met à l’honneur le « fond de commerce » et l’univers esthétique élégant de Franck Dion, je souligne seulement à ce stade qu’elle éclaire par sa seule existence la déplorable vacuité politique (au sens noble et premier du terme) de la création animée contemporaine et du « cinéma » d’animation en particulier.
Si le champ du court métrage indépendant nous donne à voir de plus en plus de cris de désespoir face aux enjeux humanitaires (écologiques, démocratiques, philosophiques, entre autres), vaines lamentations généralement enrobées sous une bonne couche de plasticité artistique (démonstrative, égocentrée, élitiste) et une dose de poésie rassurante pour la critique, l’ironie sarcastique – souvent confondue avec le cynisme – est quasiment rejetée en bloc de ce champ créatif dans les formats longs et sériels, dans les jeux vidéos et les contenus immersifs. Un vide symptomatique qui n’intéresse pas grand monde, ça tombe bien.
Alors forcément, une exposition qui valorise aussi joyeusement le productivisme triomphant, la rentabilisation du vivant, l’innovation technologique au service de la croissance sans limites, me donnerait presque l’envie d’habiter dans le Nord.

Et que celles et ceux qui n’auront pas l’occasion de monter à Lille se rassurent, la Cococh Industry sera ostensiblement visible cette année encore au Salon de l’Agriculture, dans toutes les bonnes foires au boudin, sur toutes les tables familiales.

 

 

 

 

 

anima