Comprendre le récit et la fiction grâce aux dessins animés

 

Je vous recommande fortement de visionner cette captation d’une conférence de Nathalie Blanc, enseignante-chercheuse de l’université de Montpellier, intitulée sobrement “Compréhension du récit et de la fiction”. Cette intervention publique – passionnante et accessible au commun des mortels (ce qui ne gâche rien) – pourrait très bien être sous-titrée “Pourquoi et comment les dessins animés peuvent être de formidables vecteurs pour apprendre à comprendre les histoires ?”

En effet, Nathalie Blanc relate ici la méthodologie et les résultats d’études menées auprès d’enfants d’écoles élémentaires pour sonder leur compétence de compréhension de récits à partir de trois longs métrages d’animation, Ponyo sur la falaise de Hayao Miyazaki, Les aventures du Prince Ahmed de Lotte Reiniger et Gauche le violoncelliste d’Isao Takahata.
Développant le postulat selon lequel “les enfants cherchent toujours à s’emparer de la dimension émotionnelle d’un récit” (raconté oralement, lu ou visionné) pour le comprendre, car “ils s’appuient sur leur réservoir de connaissances émotionnelles” à défaut de pouvoir mobiliser un lexique et/ou une culture suffisante pour ce faire, Nathalie Blanc conforte involontairement la conviction d’un nombre croissant de médiateurs-pédagogues de l’éducation à l’image (dont je fais partie) que, les émotions contribuant en premier lieu à l’activité de compréhension des récits, chez l’enfant comme chez l’adulte, l’injonction systématique à l’analyse – filmique, par exemple, et son jargon technique – comme panacée de l’éducation à l’image des enfants et des enseignants, est une impasse pédagogique dont il semble pertinent de sortir, tant que faire se peut, en se concentrant de prime abord sur le registre émotionnel. Autrement dit, vulgariser (simplifier) l’approche d’une œuvre pour mieux l’approfondir si le temps, l’intérêt bilatéral des enseignants et des élèves, la motivation, la nécessité de la formation, le permettent ou l’obligent.

Je répète assez fréquemment lors de mes interventions publiques que les films d’animation, et plus précisément les films de dessins animés, constituent globalement la première entrée des jeunes spectateurs dans la cinéphilie, et stimulent, ou pas, leur goût du bon récit filmé. Tenant compte de cette évidence, néanmoins si déconsidérée voire ignorée, je me désole toujours que si peu d’adultes (parents, enseignants, chercheurs, professionnels de l’imagerie, institutionnels, politiques, …) s’intéressent fondamentalement et sérieusement à la production animée que consomme massivement les enfants. Me voilà pour le coup un peu rassuré par l’acuité scientifique et la limpidité des propos de Nathalie Blanc.

Cette intervention entre dans le cadre des Rencontres nationales “Le jeune, spectateur, citoyen : des sciences cognitives aux enjeux de l’éducation à l’image”, organisées par l’association Les Enfants de Cinéma. Une chaîne Ioutioube regroupe les captations des différentes interventions ou tables rondes proposées les 19 et 20 octobre 2021 au Lux, scène nationale de Valence.
• “Allier accueil du plaisir du spectateur et pédagogie du détour pour œuvrer à la formation du jeune citoyen“, conférence de Carole Desbarat
• “Rôle des élus dans l’accompagnement des politiques en faveur de l’éducation aux images“, table ronde
• “L’évolution des objectifs et des modalités de l’Éducation artistique et culturelle d’une politique interministérielle à une politique partagée avec les territoires“, conférence de Marie-Christine Bordeaux
• “Recherche, apprentissage et 7e art : regards croisés sur le développement de l’enfant“, table ronde
• “L’école de la créativité“, conférence de Mathieu Cassotti
• “L’émergence de la prosocialité : aspects cognitifs et socio-émotionnels” (l’entraide et l’altruisme chez les enfants), conférence de Lucie Rose
• “Le développement de la vision“, conférence d’Olivier Pascalis

 

 

 

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