Plan extrait du film : Valse avec Bachir
Réalisé par : Ari Folman
Israël, France, Allemagne / 2008
A la moitié du premier long métrage animé de fiction de Ari Folman, Valse avec Bachir, trop hâtivement sans doute présenté comme un documentaire d’animation, le personnage principal en quête des raisons de son amnésie, écoute l’histoire d’un photographe de guerre devenu fou après que son “appareil de mise à distance de la réalité” se soit définitivement grippé à la vue d’une hécatombe de chevaux de course dans un hippodrome libanais.
Face au désastre estimé par le narrateur plus absurde car il touche des animaux innocents (“J’ai eu le cœur brisé. Les hommes se font la guerre mais quel mal ont fait ces animaux si nobles pour subir un tel sort ?“), le processus de déréalisation auto-protectrice – au cœur du récit de Folman – mis en place par le photographe se rompt et laisse entrer les souvenirs traumatisants de la guerre.
Dans l’œil grand ouvert d’un cheval mort, en gros plan, la silhouette du photographe évoquée renvoie à celle du soldat Folman qui ne peut que s’identifier à l’anecdote qui lui est racontée, dans la mesure où le traumatisme vécu en 1982 lui revient progressivement mais sûrement dans toute son amplitude.
“On oublie certains fragments, certaines images. Et “oublier” n’est pas non plus le bon terme. Il s’agit plutôt d’une non-utilisation inconsciente de la mémoire. C’est le processus classique de refoulement. Un événement tragique, gênant, vous n’en parlez pas, vous tentez de l’oublier. La question, c’est de quoi vous voulez vous souvenir et qu’est-ce que vous préférez oublier. Cette question de la sélection de la mémoire est à la fois volontaire et inconsciente. En thérapie, on vous dira que vous choisissez, que vous décidez d’oublier ceci ou cela, etc. Mais on ne contrôle pas totalement ces processus.”
Propos de Ari Folman recueillis par Serge Kaganski en juin 2008 (Les inrocks)
Une image-ricochet
Reflection in a golden eye de John Huston – 1967
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