L’association « Les femmes s’animent » s’est invitée au sein d’une table ronde intitulée « De l’école au studio, regard porté sur des modes d’accompagnement », organisée dans le cadre de l’édition 2019 des « Rencontres Animation Formation » à Angoulême (novembre 2019), pour présenter les supports de communication de sa dernière campagne de sensibilisation aux harcèlements sexuel et moral dans l’industrie du cinéma d’animation. Marie-Pierre Journet, membre du bureau de LFA, y a notamment expliqué le dispositif de mentorat de jeunes professionnelles (les « mentorées ») par des mentors femmes et hommes, afin d’aider et d’accompagner les premières dans leurs projets ou face à d’éventuelles difficultés – sociales, juridiques, financières – rencontrées dans l’exercice de leurs fonctions. Quant aux supports de communication mis à dispositions des publics présents, ils ont rencontré un vif succès, très certainement grâce à leur efficacité visuelle, quelque peu racoleuse et infantilisante, dirons les grincheuses et les grincheux. Voir la reproduction de l’affiche à la fin de cet article, laquelle affiche est disponible dans sa version imprimée sur demande par mail.
Spontanément séduit par la démarche, je me suis dit : « eh bien, mon garçon, il faut absolument en parler sur ton web media ! »
Seulement, en parcourant le site Internet de l’association, un certain nombre de petits détails ont sensiblement douché mon enthousiasme.
D’abord, je n’ai trouvé nulle part, ni sur le site web, ni sur les documents imprimés distribués à Angoulême, la moindre mention de l’auteur(e) ou des auteur(e)s graphiques des dits supports de communication de cette campagne ô combien salutaire et nécessaire.
Vous me direz : « mais qu’est-ce que ça peut bien foutre ? » Je vous répondrais qu’à défaut d’être une règle obligatoire, la mention du ou de la responsable des éléments visuels (illustrations, maquette, design d’ensemble), quelle que soit la qualité de son travail, est la moindre des politesses. A plus forte raison, lorsque que ce travail contribue à ce point à servir de telles messages.
Allant plus avant dans l’exploration des objectifs et composantes de l’association LFA, j’ai réalisé que je l’avais confondue avec une autre initiative, Femmes d’anim, à laquelle j’adresse régulièrement ici des clins d’œil malicieux mais solidaires. Clarifions donc, à toutes fins utiles, les différences entre ces deux entités féministes.
« Les femmes s’animent » est un groupe de pression (lobby) agrégeant des professionnelles, presque exclusivement issues de l’industrie de l’animation, de ses postes de direction et de production. La majorité des membres de son bureau est affiliée au Syndicat des Producteurs de Films d’Animation (SPFA), autre lobby dont l’obédience plus-que-libérale rend tout appel de sa part à l’égalité de traitement (salarial notamment), à la parité et à la diversité, peu crédibles, voire risibles.
Mais bon, à en juger par la communication de LFA, ses moyens sont relativement conséquents et ses accointances avec les cercles de pouvoirs économiques et politiques sont fortes.
Alors, tant mieux, si grâce à l’entregent de Julie Gayet, la cause est défendue aussi à ce niveau. Il était temps.
Concernant « Femmes d’anim’ « , il s’agit d’une initiative participative visant à valoriser le travail artistique et technique des femmes qui exercent, majoritairement à des postes créatifs dans le secteur de l’animation indépendante et industrielle. A sa manière et avec des moyens, semble-t-il, dérisoires, ce regroupement valorise la part féminine – loin d’être négligeable – dans l’identité singulière et protéiforme du cinéma d’animation français.
Indirectement, il interroge aussi sa sous-représentativité médiatique.
Les chiffres du marché de l’animation 2019 ont beau montrer sa réduction inéluctable, cette sous-représentativité se fracasse vite sur la réalité du terrain. Lors de ces mêmes RAF 2019, la table ronde « Actualité politique et règlementaire : point d’information », regroupant les représentants des syndicats majoritaires du secteur de l’animation, nous en a montré une belle illustration*.
A l’occasion, en particulier si vous êtes journaliste en quête de témoignages de premières mains pour évaluer l’ampleur du sexisme et des inégalités homme-femme dans le monde merveilleux des petits mickey, n’hésitez pas à visiter régulièrement le Tumblr « T’as pas d’humour« , lequel aura eu, parmi ses nombreuses vertus, une influence certaine sur la libération de la parole communicante des femmes de l’animation.
* Sur le moment, j’ai eu une petite pensée pour Alexandra Tholance…
Poster de la campagne « Mais c’est qu’une blague » de LFA
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