Dessins animés sans animateur (suite)

 

Ce nouvel exemple des capacités encore perfectibles mais néanmoins spectaculaires des applications de création audio-visuelle basées sur l’intelligence artificielle constitue un énième coup de semonce involontaire à l’attention des acteurs de l’industrie de l’imagerie animée (cinéma, série, VFX, jeux vidéos, …), une occasion de s’interroger, d’anticiper et d’imaginer les alternatives de contournement, sinon de résistance, sans attendre d’être au pied du mur.

Quelle configuration auront les studios et leurs pipelines de production dans dix ans ?
Auront-ils été vidés de leur importante masse salariale de chevilles ouvrières déjà dépendantes des écrans et des tablettes graphiques ?
A quoi bon former des bataillons d’infographistes, designers et autres animateurs, main d’œuvre technicienne sans avenir à moyen terme ?
Quel degré de standardisation conditionnera notre paysage audiovisuel, en particulier celui conçu avec des images de synthèse (dessin numérique inclus) ?
L’écrasante majorité des productions animées se ressembleront-elles toutes ? Pilleront-elles toutes, par inculture, les univers unanimement et béatement célébrés de Ghibli, de Marvel ou de Pixar ?
Les spectateurs moins décérébrés que la moyenne seront-ils dupes longtemps ?
Quels territoires de refuge investiront les créateurs soucieux d’authenticité ? La marionnette animée ? La peinture animée ? Le grattage sur pellicule ?  Le néo-pré-cinéma ? L’affranchissement de toutes les technologies numériques de création, énergivores et écocides par nature ?
Y aura-t-il encore des individus pour se poser ces questions existentielles ?
Y aura-t-il encore des cerveaux pour les comprendre ?

 

“Philippulus annonçant la fin du monde avec sa poêle à frire”, vu par Midjourney v4
Amitiés belgo-normandes à Arno Maneuvrier ;)

 

 

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