Plan extrait du film : Tôkyô Goddofâzâzu
Réalisé par : Satoshi Kon
Japon / 2003
Parmi les nombreux ressorts comiques convoqués par Satoshi Kon dans sa formidable comédie Tôkyô Godfathers, interviennent à plusieurs reprises des références à la bondieuserie judéo-chrétienne. Sous forme de clins d’œil complices, entre spectateurs amusés par la naïveté – sinon la bêtise – de cette iconographie sur-utilisée dans le cinéma et le téléfilm bienpensants lesquels ressassent jusqu’à l’overdose une codification héritière de Franck Capra désormais inoffensives. Dans son troisième long métrage (le meilleur, il me semble) en tant que réalisateur et scénariste, Satoshi Kon développe un « conte de Noël distordu » autour de trois personnages abîmés livrés au quotidien de la rue tokyoïte, trois « SDF », comme on dit pudiquement, qui vont vivre mille aventures rocambolesques avant de retrouver les parents d’un nourrisson découvert abandonné dans le froid au milieu des détritus.
Parallèlement à la quête qui dévoile leur bonté d’âme, chacun des membres du trio improbable (un ancien coureur cycliste, un travesti et une adolescente fugueuse) va se reconnecter à son passé par une sorte de rédemption. Mais cette rédemption ne viendra jamais d’une quelconque illumination et autre annonciation divine, mais de leur reprise de contact avec la réalité que tous avaient décidé de fuir.
Dans le plan isolé ci-dessus, l’un des trois clochards vient de se faire agresser. Il est laissé pour mort dans une ruelle sordide où apparaît dans un halo de lumière l’hybridation d’un ange et de la Fée bleue de Pinocchio (version Disney). Passé la surprise face à cette vision insolite, Kon nous dévoile avec humour – le contour luminescent s’éteint – l’hôtesse déguisée d’un host club qui se cachait derrière cette apparition paradisiaque, une autre composante des nuits déglinguées des mégapoles néo-babyloniennes.
Une image-ricochet
Photographie de Lee Jeffries
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