Enfin, on y est !

Oui, on y est ! Les secteurs d’activités consanguins des jeux vidéos et de l’animation semblent enfin fusionner, sans pour autant mélanger torchons et serviettes, en parfaite complémentarité, pour constituer un champ d’expression artistique transversal et transmédiatique, sans frontières ni chapelles, pour le pire comme pour le meilleur.
D’un côté comme de l’autre, les conservatismes grognons ont beau afficher une moue dubitative, les signes ne trompent pas et le plus éloquent d’entre eux se nomme Arcane.

Non contente de réaliser un carton d’audience sans précédent auprès d’un très large public international et d’accumuler les récompenses au-delà du possible, l’adaptation animée de la franchise de jeux vidéos “League of Legends” est devenue en quelques mois à peine une référence fédératrice. Le studio parisien, Fortiche, qui en est le principal artisan, est l’actuelle place to be de l’industrie de l’animation française (et embauche, accessoirement, à tour de bras pour la fabrication de la deuxième saison de la série). La contribution au financement des œuvres animées, imposée par l’État aux plateformes de streaming qui produisent des contenus en France, est vraiment en passe (sous réserves de quelques sévères déceptions) de faire exploser les plafonds de verre de la quantité (et, on l’espère aussi, de la qualité) des contenus de divertissement audiovisuels créés annuellement dans le pays. Les médias de masse, sans trop vraiment comprendre l’amplitude et les ramifications du phénomène, se font le relai de plus en plus avisé de cette révolution culturelle en cours.
Même les institutions territoriales (régionales, départementales, locales) commencent à mesurer concrètement les opportunités aussi économiques que patrimoniales d’un tel bouleversement.

Combien d’artistes, combien de producteurs, combien de personnalités prescriptrices de l’imagerie “artistique” ai-je interrogé sur ce sujet depuis 25 ans (non, je ne citerai personne !) en ne récoltant que des réponses, au mieux désintéressées, au pire méprisantes, voire brutales ?
« Les contenus télévisés qui émanciperont l’art du film d’animation ?! N’importe, quoi !* »
« Revenez me voir quand vous voudrez me parler de Cinéma !* »
« Comment ça, intégrer les séries et les jeux vidéos dans les dispositifs d’éducation à l’image !? Quelle hérésie !* »

Entendons-nous bien, je n’ai pas encore visionné Arcane. Je ne suis abonné à aucune plateforme et ne pirate jamais aucune œuvre par principe, croyez-le ou non. Je ne joue quasiment pas aux jeux vidéos, et certainement pas aux arènes de batailles en ligne. Que cette série animée soit excellente ou juste très très réussie, je manifeste ici avant tout ma sincère satisfaction d’observer en temps réel ce moment historique de l’agonie en cours de la critique-élitiste-et-sectaire-par-protectionnisme-de-ses-chasses-gardées-méticuleusement-balisées.
Et s’il y a bien une agonie qui me remplit de joie, avec celle des super-gros-cons-vraiment-pas-gentils, c’est bien celle-là.

Ah, ah, ah, ah !

 

 

* Cela va de soi, ces propos sont véridiques, au mot près, enregistrés et archivés sur des kilomètres de bande audio et vidéo.

 

anima