Flow - Desseins animés

Un film de Gints Zilbalodis
Titre original : idem
Année : 2024
Origine(s) : Lettonie, France
Sortie en salles le 30 octobre 2024

Où l’on doit se résoudre aux déluges

Réaction à chaud :

Bien sûr, on peut comprendre que le distributeur du film ait trouvé plus prudent (les premiers chiffres de fréquentation semblent lui donner raison) d’augmenter le titre anglais par le sous-titre infantilisant et quelque peu malhonnête « Le chat qui n’avait plus peur de l’eau« . Mais cette astuce de communication assez grossière minimise ainsi a priori le sujet central de ce récit terrifiant, dont l’ultime plan en forme de points de suspension à l’issue du générique de fin vient étayer le dernier regard inquiet du chat dans son reflet, comme une condamnation à devenir spectateur de la répétition incessantes des cataclysmes climatiques auxquels seuls les « monstres » marins pourraient survivre.
Bien sûr, d’aucuns liront la dimension autobiographique de ce chat solitaire contraint à collaborer en équipe pour surmonter les obstacles de sa second odyssée cinématographique, ou se réfugieront derrière l’argument de la fable poétique sur l’entraide ou on ne sait quel autre bon sentiment. Ils ne se tromperont pas complètement mais passeront à côté de l’essentiel.
Flow est un film-catastrophe post-apocalyptique qui s’adresse d’abord aux adultes ! Et il leur fera peur.
Les mouvements constants de sa caméra immersive sont une véritable métaphore du désespoir de ces mêmes adultes face à l’immobilisme général malgré les évidences criantes. Tous les vestiges de civilisations humaines englouties qui jalonnent le voyage improbable des animaux sont autant de reflets du gâchis universel que nous sommes en train de produire le pied sur l’accélérateur.