« Illustration et cinéma animation sont deux modes d’expression radicalement différents. »
Combien de fois ai-je pu entendre prononcer cette vérité toute relative, y compris par des professionnels réputés et familiers des deux registres d’expression. Une phrase insinuant presque systématiquement : « ne mélangeons pas torchons et serviettes« .
Il suffit de compter les écrits traitant du sujet dans les médias, spécialisés ou non, pour mesurer le déni généralisé d’une évidence pourtant manifeste : depuis une petite dizaine d’années, la frontière entre les deux disciplines s’efface inéluctablement. Que ce soit par l’évolution – regrettable ou non – des supports de lecture ou par le cumul de la double-compétence de l’illustration (savoir-faire de la composition d’images fixes) et de l’animation (savoir-faire de la mise en mouvements plausibles de dessins ou d’objets) par un(e) seul(e) et même artiste, la propagation de cette forme hybride de création ne cesse de s’étendre. Et à bien des égards, elle pourrait même supplanter, à plus ou moins long terme, une bonne partie de la production animée de courts métrages, par son caractère synthétique, cyclique, voire hypnotique, propice à la transmission instantanée de message narratif, plastique, poétique, émotionnel, ou le tout à la fois.
C’est moins une prophétie alarmiste qu’une hypothèse réaliste et, de mon strict point de vue, enthousiasmante, au regard de l’évolution de la consommation frénétique de contenus audiovisuels via les réseaux sociaux. Mais encore faut-il, pour assumer sereinement cet état de faits, considérer sans condescendance ce qui se produit au-delà du microcosme égocentré de la production cinématographique traditionnelle…
Voilà pourquoi je vous recommande de lire avec la plus grande attention l’article (en anglais) publié aujourd’hui sur le site « It’s Nice That » consacré au travail de l’illustratrice et animatrice new-yorkaise Abbey Lossing.
Le titre de l’article dit à peu près tout des enjeux de la mixité entre illustration et animation : « Animation pour les illustrateurs ou comment donner vie à vos dessins et pourquoi votre carrière en tirera bénéfices« . D’ailleurs, j’invite quiconque en estime avoir la compétence (peut-être du côté de l’école Émile Cohl, par exemple) à écrire le pendant inverse de cet article. Il pourrait alors s’intituler : « Illustration pour les animateurs ou comment donner à vos animations le sens de la composition et de la synthèse, et pourquoi vos films en bénéficieront« .
Parallèlement, vous pouvez consulter ici quelques exemples remarquables d’illustrations animées, inventoriées dans ce blog-ressource, pour connaître quelques artistes en pointe de cette discipline.
> Voir aussi le tutoriel Skill Share d’Abbey Lossing « Animation for Illustration: Creating Layered GIFs with Photoshop & After Effects »
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