Projection exceptionnelle du long métrage, le mercredi 1er novembre à 20h30 au Café des Images (Hérouville Saint-Clair / Caen – 14).
La séance sera suivie d’un exposé audiovisuelle sur l’arrière-cuisine du film et d’un échange avec les publics présents.
Le film sera proposé dans sa version française, excellente, afin qu’il puisse être apprécié par le plus grand nombre, à partir de 10/12 ans.
Cette projection refermera une journée spéciale :
• 14h00 – Projection d’une sélection de courts métrages pour enfants (à partir de 6 ans)
> films primés et/ou remarqués lors de l’édition 2017 du Festival International du Film d’Animation d’Annecy.
• 15h00 – Atelier d’initiation à l’animation d’après images « réelles »
> pour enfants, sur inscription, nombre limité de places)
• 16h30 – « Atelier sauvage » avec des membres de Rétine (professionnels normands de la création animée)
> pratique intuitive de l’animation, atelier gratuit ouvert à tous
• 20h30 – Projection de La Passion Van Gogh
> les réservation sont très fortement conseillées !
Les fidèles lecteurs de ce blog auront constaté que j’ai émis certaines réserves tout au long du suivi de cette production, à mesure que je prenais connaissance des quelques documents officiels distillés sur l’Internet par Break Thru Films. Si ces contenus ont pu me faire douter de la pertinence et de la réussite de cette entreprise folle, ils ont aussi permis d’apprécier son cheminement perfectionniste, en particulier sur le volet périlleux du design des personnages. Celui-ci constitue aujourd’hui l’un des points forts de La passion Van Gogh, qui évite globalement (sauf quelques exceptions sans conséquences sur l’appréciation de l’ensemble ) l’écueil de la rotoscopie non distanciée. C’est-à-dire le désastreux effet qui perturbe, à défaut de le faire fuir, le spectateur du Seigneur des anneaux de Ralph Bakshi (1978), d’Anastasia de Don Bluth (1997), ou de Téhéran Tabou d’Ali Soozandeh (2017). Un écueil précisément contourné grâce à la prédominance de la « picturalité » (épaisseur, harmonies chromatiques, énergie et modernité du coup de pinceau) de Vincent Van Gogh. Le spectateur en oublie la présence de l’acteur-témoin, ou du moins l’assimile complètement à l’univers entièrement peint à la main.
J’ai pu lire par-ci par là quelques critiques un brin blasées, regrettant que le rapport de Vincent Van Gogh à sa peinture ne soit pas traité dans le long métrage de Dorota Kobiela et Hugh Welchman. Certes, le film cède à quelques facilités, dont celle de ne pas imposer aux publics une approche forcément spéculative sur la psychologie de Vincent Van Gogh, mais le fond de son propos est manifestement ailleurs. Ce qui n’empêche cependant pas le spectateur d’être constamment placé au cœur de la peinture, singulière, rayonnante et tourmentée de Van Gogh, dans presque tous les plans du film, pour ressentir physiquement toute la passion (au sens romantique du terme) contenu dans le coup de pinceau fougueux de l’artiste.
Voici une opinion, recueillie récemment auprès d’une jeune spectatrice du film, qui me semble très représentative du sentiment général en sortie de projection : « J’aimais bien Van Gogh avant mais sans plus et là le film était tellement beau visuellement, je crois que c’était la première fois que j’ai ressenti les émotions dans une peinture. »
Quels cinéastes, parmi ceux, et non des moindres (Minnelli, Kurosawa, Altman, Piallat), qui ont tenté de sonder l’esprit du peintre ont réussi à provoquer une telle immersion du spectateur ?
Le parti pris du couple Kobiela-Welchman fut prioritairement de faire éprouver aux néophytes – presque tous les individus, jeunes et moins jeunes – qui n’ont jamais badigeonné une toile, ce qu’est l’acte de peindre, et qui plus est de peindre la lumière en mouvement.
Sur ce point, gageons que le pari est largement gagné.
Enfin, outre son esthétique intrinsèquement dynamique et spectaculaire, le film déploie une narration classique (enquête pseudo-policière) et captivante du premier au dernier plan, susceptible de séduire un très large public naturellement peu enclin aux œuvres non-conformistes. Le choix judicieux (l’action se déroule en France) du distributeur de ne proposer l’exploitation du long métrage qu’en version française – par ailleurs excellente – achève de me convaincre que La Passion Van Gogh est probablement le meilleur vecteur filmique, depuis Le Mystère Picasso, d’éducation à la création artistique dans ce qu’elle a de plus universel.

L’acteur-témoin, le tableau original, le personnage du film
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